Suite de la critique du film "Le Tigre du Bengale".
Je ne vais pas répéter tout ce que j'ai dit dans "le Tigre du Bengale" et qui reste valable. J'aurais d'ailleurs bien aimé que SC ait la bonne idée de rassembler les deux films qui se suivent parfaitement et qui présentent une grande homogénéité dans le traitement de façon à ne faire finalement qu'une seule et même critique.
Je vais essayer dans la critique du "Tombeau Hindou" de m'attacher aux acteurs et à la mise en scène -exquise – de Fritz Lang.
Un point important sur le personnage de Seetha joué par Debra Paget. J'ai dit qu'elle était au centre de l'action puisque deux des principaux protagonistes sont amoureux, le Maharadjah d'une part et l'architecte d'autre part. Chacun des personnages trouve l'occasion, à un moment donné, de sauver Seetha. D'un tigre pour l'un, d'un crotale pour l'autre. Ceci fait que la vie de Seetha ne lui appartient plus qu'en partie et se sent doublement redevable. Cela provoque en elle une sorte de fragilité à partir de laquelle elle devra choisir la voie la plus sûre. Elle s'en remettra au destin.
D'ailleurs, ce destin, elle dispose de tout ce qu'il faut (du langage gestuel !) pour l'atteindre ou l'influencer. Elle est danseuse sacrée et peut s'adresser directement à Kali ou à Çiva. Et ça, ça lui donne la force de vaincre la fragilité précédente. Sublime scène où elle fait l'offrande de fruits à Çiva qui lui répond en faisant tisser une toile d'araignée à l'entrée de la grotte où l'architecte et elle se sont réfugiés.
Et puis parlons des deux danses sacrées qu'elle effectue dans le "tombeau hindou" et dans "le tigre du Bengale". Je m'affranchis encore une fois du réalisme et de la vraisemblance des danses sacrées telles que nous les présentent Fritz Lang. Je ne parle que du principe de ces danses qui ont pour but d'émouvoir ou convaincre ou obtenir un pardon de la part du Dieu qui, s'il n'est pas content, peut devenir terrible. Et c'est quand même autre chose qu'une danse de salon ou un spectacle de danse (référence aux films d'Eichberg en 1938) ; les deux danses sacrées sont sublimes, sensuelles, mettant en grande valeur la plastique de Debra Paget. La danse qui m'avait vraiment impressionné, correspond à une version exotique du jugement de Dieu où Debra Paget doit séduire un crotale avec ses deux mains portant deux émeraudes simulant les yeux d'un serpent. Je ne me souviens plus vraiment du premier visionnage et de l'impression qu'avait pu faire à l'adolescent que j'étais, le costume splendide un peu minimaliste de Debra Paget mais je me plais à imaginer mon état d'esprit d'alors …
Pour finir, Fritz Lang me parait avoir superbement réussi ce que je pourrais appeler un splendide "Chant du Cygne" dont le spectateur sort ébloui et rassuré…
La quintessence du film d'aventures … Sur le fond, on n'y croit pas une seule seconde mais on est autorisé à rêver, à rêver, à rêver.