Harry Lime est mort bêtement, écrasé par son propre chauffeur, dans une Vienne qui sort juste de la tourmente de la Seconde Guerre mondiale. Son vieil ami, Holly Martins, enquête. Le Troisième Homme est considéré comme l’un des meilleurs films noirs. Admettons qu’il ait un peu vieilli. Sir Carol Reed consacre la première moitié de son film à une trop longue mise en place de ses héros, alors même que ses premiers rôles, Joseph Cotton et Alida Valli, ne brillent guère par leur charisme.
Pourtant le charme fonctionne toujours et la seconde moitié est exceptionnelle.
- Techniquement, les cadrages et les jeux d’ombre et de lumière sont sublimes. Le montage de l’entrée en scène d’Orson Welles est fascinant, tout comme ceux des séquences de course poursuite.
- Musicalement, la cithare sèche d’Anton Karas n’a rien perdu de virtuosité.
- Le scénario est un modèle du genre, Graham Greene a parfaitement écrit les seconds rôles, ils possèdent une âme, une histoire et un destin, fatalement tragique.
- Tout concoure à faire du dialogue dans la Grande roue du Prater l’une des plus grandes scènes de l’histoire du cinéma. En quelques minutes, Welles exprime toute l’étendue de son génie d’acteur. Il est, tour à tour, perfide, menaçant, inquiet, joueur, cynique, ensorceleur et amical… Cotton est sidéré et nous tous avec. Diable d’homme !