Une projection sur grand écran et accompagné au piano, voilà qui assurément donne du souffle à un film muet qui n'en manque pas : Le vent de Victor Sjöström. On a dit avec raison que le film marque une rencontre épique : celle du cinéma européen avec les grands espaces américains. Jamais en tous cas, cette synthèse impossible ne s'est aussi bien matérialisée. Evidemment, c'est aussi l'un des derniers très grands films de l'époque du muet avant que le parlant n'emporte tout sur son passage. Après cette symphonie lyrique du nouveau monde, Sjöström ne retrouvera plus la main. Quant à Lilian Gish dont le visage de tragédienne illumine le film, elle ne reviendra vraiment à l'écran que dans les années 40.