Dernier tour de piste pour Hayao Miyazaki, « Le Vent se lève » n'est clairement pas le film le plus représentatif du génie japonais, ni même celui sur lequel on le rêvait de voir conclure. Si l'on suit au départ avec délice la vie du futur inventeur du Zero, j'avoue que l'action m'a paru nettement plus statique par la suite, l'ennui n'étant parfois pas loin. Cela a beau être très mignon, l'impression de répétition est ainsi palpable, chose rare chez le réalisateur. Malgré tout, difficile d'être insensible à la douce poésie animant nos deux héros et même plusieurs personnages secondaires, l'auteur du « Voyage de Chihiro » réussissant là où beaucoup échouent systématiquement : l'harmonie entre le fond et la forme.
Proposant à la fois une œuvre extrêmement soignée dans les décors, les couleurs, les détails, l'œuvre offre également un riche aperçu du milieu aéronautique, accompagné d'une dimension humaine très forte, concernant aussi bien la famille, l'amour, l'amitié, le tout avec beaucoup d'élégance et de pudeur. Reste ce choix discutable de faire totalement abstraction de la Première et de la Seconde Guerre mondiale, qui se justifie toutefois par l'aspect lunaire et presque innocent de Jiro, illustré par les quelques très belles scènes de rêve ponctuant le récit. Malgré quelques regrets, l'habileté avec laquelle le grand Hayao assimile la petite histoire à la grande a donc de quoi séduire et charmer : au revoir M. Miyazaki, et merci.