Le cinéma semble s'intéresser à nouveau au monde rural et l'on ne s'en plaindra pas tant il recèle de nombreux gisements de bonnes histoires. Le vent tourne est un peu en deçà de Seule la terre ou de Petit paysan, de par un certain manque de prise de risques et d'un ton parfois trop neutre, qui n'est pas seulement due au fait que l'action se déroule dans une ferme suisse. Le romanesque est présent pourtant dans le scénario et dans le personnage de cette paysanne sur laquelle souffle un vent de désir qu'elle a du mal à maîtriser. Mais la réalisatrice ne semble pas avoir suffisamment confiance dans son intrigue et la laisse parfois au second plan derrière les problèmes de ces paysans qui ont décidé de s'isoler et de jouer la carte de l'écologie en minimisant les dangers d'une terre souvent amère voire hostile. Il y a même un troisième récit, plus ténu, autour d'une jeune fille originaire de Tchernobyl venue passer quelques semaines à la campagne. Si le film ne pâtit pas trop d'un manque de liant entre ces différentes sources narratives, elles s'enrichissent même à l'occasion, Bettina Oberli ne parvient tout de même pas à leur donner l'ampleur attendue. Le vent tourne reste en somme un film modeste et délicat, aux personnages attachants incarnés par Mélanie Thierry et Pierre Deladonchamps, excellents et, surtout pour le second, relativement crédibles en fermiers.