À la toute fin de la guerre, un chirurgien voit sa femme et sa fille tue par des soldats allemands, face à leur corps sans vie une furie vengeresse va s'emparer de lui.
Après Peckinpah voilà une nouvelle histoire mettant en scène un homme bourgeois, policé face à une violation nce indicible et comment la violence va être son seul recours.
Moins graphique et teigneux que le film américain, le film d'Enrico va plus s'attarder à déconstruire une relation, un amour étrange entre un taiseux peu séduisant et une femme belle et furieusement libre.
Par le jeu d'un montage alterné entre flash-back et mise en branle de la vengeance le film va sans cesse discuter le regard et la mémoire, de nombreux plan miroir parcourt le film, comme pour nous rappeler sans cesse la vanité de cet homme et son manque d'assurance, les faux semblants qui ont parcouru sa vie.
Le cinéma c'est voir sans être vu, c'est s'approprier une image qui n'est pas la nôtre, c'est subtiliser une forme d'essence qui deux heures durant vont nous rappeler des moments que l'on a pas vécu.
Ce principe va donner lieu à la plus magistrale scène du film ou Noiret, derrière une glace sans tain, va voir les allemands qui ont tué sa famille et tous les habitants du château diffuser un enregistrement vidéo de lui et sa famille sur la plage.
À ce moment il se retrouve dépossédé de tout, de la vie de celles qui ont partagé la sienne, et de l'intimité qui n'aurait normalement jamais dû sortir de son giron.
Voir sans être vu à un triple niveau, le spectateur se préparant à la mise à mort, Noiret face à un miroir qui ne le reflète plus et ses allemands hilare face à des souvenirs qui ne sont pas les leurs.
Ce qui renvoie à la nature même du spectateur dont la passivité excitée par la promesse de ce qui va advenir et le voyeur des souvenirs jusque là vu ne peut plus se considérer comme passif dans l'histoire de cet homme.
Un film tout autant sur les horreur tardive de la guerre, le désir, la violence qu'une réflexion sur l'image et le statut de ceux qui les regardent.