Sixième long-métrage de Michael Night Shyamalan (le quatrième depuis le succès colossal de "Sixième sens"), "The Village" est souvent considéré comme le film qui aura amorcé la lente déliquescence de sa carrière.
En attendant, porté par le succès, le réalisateur d'origine indienne parvient à rassembler un casting de premier plan : autour de sa nouvelle muse Bryce Dallas Howard (la fille de Ron), on retrouve ainsi Joaquin Phoenix, Adrian Brody, John Hurt, Sigourney Weaver, Brendan Gleeson ou encore Michael Pitt.
"The Village" peut surtout s'appuyer sur une excellente idée de scénario, depuis son point de départ jusqu'à son dénouement, jalonné de deux final twists successifs assez ébouriffants - procédé narratif devenu la marque de fabrique de son auteur, parfois jusqu'à la caricature hélas.
Si le premier retournement s'avère relativement prévisible, j'ai trouvé le second vraiment bluffant, à condition de ne pas se montrer trop tatillon sur les incohérences que cela implique.
Pour ma part, le plus gros souci du "Village" concerne son héroïne, la jeune aveugle pure et innocente (OK on est dans le registre de la fable, mais ce genre de personnage me tape sur les nerfs), illustration de la tendance à la mièvrerie et aux bons sentiments de Shyamalan.
D'autant que j'ai vraiment du mal avec son interprète, ce laideron de Bryce Dallas Howard, que tout le monde semble pourtant trouver d'une beauté à couper le souffle.
Je n'ai pas été particulièrement convaincu non plus par la prestation habitée d'Adrian Brody, qui flirte par instant avec le grotesque.
On pourra également regretter un rythme peu soutenu, qui engendre certaines longueurs, mais fait partie intégrante de la mise en scène soignée de Shyamalan, qui parvient à installer une atmosphère hypnotique et oppressante, délicatement effrayante, bien aidé par la superbe bande originale aux accents lyriques de James Newton Howard.
"The village" apparaît donc comme un film vraiment original, relativement mal-aimé, mais qui mérite amplement le coup d'œil.