Le film Louis Malle aurait pu être une simple comédie sur le mode des aventures d'Arsène Lupin. Mais l'attitude et l'état psychologique de Georges Randal, son héros-cambrioleur, très sobrement interprété par Jean-Paul Belmondo, introduisent un ton amer, désenchanté, qui, s'il n'enlève rien à la virulence de la satire anti-bourgeoise, atténue le caractère fantaisiste de certaines situations.
Qu'ils sont grotesques pourtant ces bourgeois dévalisés par Randal, ces capitalistes ou ces aristocrates que leurs ridicules prédisposent à la caricature et dont les moeurs justifient la flambée libertaire de l'époque. Toutefois, sa haine du bourgeois ne conduit pas Randal à l'anarchie, lequel désabusé, voire nihiliste, semble indifférent à toute cause.
Le film est le récit de son parcours de voleur et des raisons qui l'ont amener à commettre des cambriolages, le récit de ses rencontres avec d'autres voleurs, avec des bourgeois naïfs et leurs épouses si promptes à se donner. L'ironie des auteurs débouche finalement sur un certain pessimisme car, si les méfaits de Randal, sont autant de "batailles" gagnées contre sa famille d'origine, sa guerre contre le conformisme et les valeurs bourgeoises es perdue d'avance.