George Méliès mérite décidément son statut de père fondateur du cinéma, ou du moins de l'un des leurs. Cette pépite est une merveille d'innovation, d'imagination, d'amour de la création pure. Elle regorge d'idées qui fonctionnent rudement bien, tel que cet homme maquillé comme s'il se trouvait à la cour du Roi Soleil, pour en revanche, représenter la lune.
Il est d'autant plus appréciable d'y découvrir un certain regard sur le colonialisme français de la part de Méliès, alors qu'en 1902, la France se place comme la seconde puissance coloniale mondiale, derrière nos amis britanniques. Après quelques recherches furtives sur l'Internet, il me semble pouvoir confirmer que Méliès était en effet un anti-colonialiste et anti-impérialiste convaincu, ce qui donne à cette conquête de la lune un tout autre visage — à commencer, tiens donc, par ce visage de la lune défiguré par ce vaisseau humain, qui semble se rapprocher beaucoup d'un obus. Sur moins de 15 minutes seulement, les détails comme celui-ci peuvent se dénicher par dizaines, témoignant du talent de M. Méliès, et d'un film fondateur qui, plus de 100 ans après sa sortie, fascine encore des générations de cinéphiles, me laissant plutôt émue.