Lee Miller est interviewée à la fin de sa vie sur sa carrière. Reporter pour la revue Vogue, elle fut l’une des premières femmes à être envoyée au front lors de la Seconde Guerre mondiale.
« J’ai toujours préféré prendre des photos plutôt que d’en être une », clame celle qui fut muse et mannequin à ses débuts. Aujourd’hui, elle se souvient de la période explosive qui marqua à jamais son âme. Le terrain, les bombes, ainsi que la découverte traumatisante des camps et de l’Holocauste. Courageuse, audacieuse, masculinisée, Lee enfonce les portes qu’on ferme le plus souvent devant les femmes, se rapproche des victimes en étant capable de mieux les comprendre. Provocation ultime, elle impose ce cliché où elle s’immerge nue dans la baignoire d’Hitler, ses bottes boueuses sur le tapis immaculé.
D’un académisme sans idées, ce premier film instructif mais souvent maladroit a pour avantage de mettre en avant une figure d’importance à laquelle Civil War d’Alex Garland rendait déjà hommage. L’approche du métier n’en demeure pas moins purement illustrative ici. Dans le rôle-titre, Kate Winslet part à la pêche aux récompenses, mais se vautre dans le surjeu. Pulpeuse et seins à l’air, elle évoque une Madonna bien en chair, quand vieillie et enlaidie, cigarette au bec et whisky en main, c’est à Marguerite Duras qu’elle ressemble. Face au jeune homme qui l’interroge, il est à craindre le biopic classique construit sur les flashbacks qui mèneront le personnage meurtri jusqu’à aujourd’hui. Si ce contrat usé est respecté, il réserve tout de même un petit étonnement final.
(6/10)
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