Visiblement, ce biopic sur cette illustre figure est porté à bout de bras par la grande Kate Winslet depuis un moment. Bonne nouvelle et une fois n’est pas coutume, ce n’est pas le portrait d’une célébrité de la musique ou de la politique comme on en voit une demi-douzaine sur les écrans chaque année mais celle d’une célèbre mannequin devenue la première femme photographe de guerre. « Lee Miller » est célèbre pour avoir photographié les combats durant la Seconde Guerre Mondiale sur le terrain et l’horreur des camps de concentration une fois celle-ci achevée. Mauvaise nouvelle, Winslet a choisi une cinéaste inconnue dont c’est le premier long-métrage pour illustrer dix années charnières de la vie de cette personnalité. Peut-être pour garder un certain contrôle créatif sur le projet en tant que productrice ou peut-être par affinités mais dans tous les cas ce n’est pas forcément la meilleure des idées.
En effet, « Lee Miller » ne souffre pas forcément des défauts d’un premier film mais de ceux des biopics classiques comme on en voit tant. Une œuvre qui ressemble à une fiche Wikipédia et qui choisit, encore, le montage alterné basé sur le « je me souviens » qui voit Lee Miller âgée raconter divers épisodes de sa vie à un tiers et ouvrant la voie à différents et longs flashbacks. Une structure usée jusqu’à la corde couplée à une mise en scène très classique voire complètement académique qui lui porte préjudice. En outre, on aurait aimé avoir plus de profondeur sur les tenants et les aboutissants d’un tel métier dans de telles conditions, notamment sur le plan moral. Que le film interroge sur la nécessité ou non de prendre en photo l’horreur, l’intimité ou la désolation, de questionner aussi le voyeurisme de la démarche. Mais ce n’est jamais le cas et certaines séquences sont même gênantes (celle dans la salle de bains d’Hitler). Le long-métrage doit aussi compiler avec des seconds rôles décoratifs pas forcément bien dirigés comme Marion Cotillard dans une scène dramatique où elle n’est pas bonne (comme dans « The Dark Night Rises ». On ne la mettra pas en cause tant on sait l’actrice bonne quand elle est bien dirigée.
En revanche, fait rare, il faut saluer le réalisme de « Lee Miller » en ce qui concerne le langage. Pour une fois dans un film anglophone, les acteurs parlent la langue du pays où se situe la scène et pas en anglais partout. Même Kate Winslet s’essaie au français et on lui dit merci. Tout comme pour sa prestation habitée et forcément impeccable dans la peau de cette femme de tête en avance pour son âge. Et, si les poussées féministes qui parcourent le film semblent anachroniques, elles sont pourtant très bien amenées et percutantes. Il faut avouer également que, dans l’ensemble, le film se suit avec plaisir, qu’il est rythmé et que les péripéties et cadres choisis sont variés et retranscrivent bien le parcours de cette femme hors normes. On passe donc un bon moment devant cette œuvre qui aurait tout de même gagné à être dirigée par une personne plus compétente et aguerrie (Kathryn Bigelow par exemple pour rester sur une femme).
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