Légitime violence par JJC
Face à une souffrance innommable, différentes réactions sont possibles. L'antihéros de ce film-ci, qui a subit la torture durant plusieurs années alors qu'il était retenu prisonnier des Viêtcongs, a choisi une certaine forme de masochisme. Face à ses bourreaux, cette réaction a été celle qu'il a trouvée pour survivre, et d'ailleurs, il y est arrivé. Examinons ce film scénarisé par Paul Schrader, responsable du script de « Taxi Driver ».
De retour au pays, le Major Charles Rane reçoit tous les honneurs de ses compatriotes, ainsi qu'une coquette somme d'argent (un dollar par jour passé en captivité !) Mais son bonheur sera de courte durée, car une bande de hors-la-loi, également vétérans, vont lui voler son argent avant de liquider sa femme et son fils, sans oublier de lui broyer une main et de le laisser pour mort.
Rien que ça ! Eh oui, « Rolling Thunder » est un film qui ne rigole pas. Dans ce film, la vengeance est-elle montrée comme une solution ? Pour certains, cela est clair. Mais si on creuse plus loin, comment ne pas y voir davantage un ensemble de non choix effectués par un protagoniste totalement en proie à des pulsions (auto)destructrices ? Charles Rane a plusieurs fois la possibilité d'abandonner sa « croisade », mais... en est-il seulement capable, vu l'horreur de sa situation ? Un film qui fait mal, qui torture son spectateur. Les fans – mais peut-être pas seulement – en redemanderont !
(cette critique est parue dans le mensuel satirique liégeois "Le Poiscaille" n°14 - octobre 2011)