Dick McLanyck,bandit repenti,conduit du Missouri à l'Oregon un convoi de fermiers désirant s'installer sur les fertiles et lointaines terres de cet état.Il sympathise en route avec John Emerson,outlaw pas trop repenti celui-là,et une fois la Terre Promise atteinte les braves colons se font arnaquer par l'affairiste local qui ne leur livre pas les provisions qu'ils ont payées.Ces marchandises sont en outre convoitées par une bande de chercheurs d'or installée non loin."Les affameurs" est l'un des nombreux westerns réalisés par Anthony Mann et interprétés par James Stewart.Il s'agit d'un gros film produit et distribué par Universal et comptant dans son équipe beaucoup de professionnels réputés.Le scénario est signé de Borden Chase,excellent spécialiste du western qui a aussi écrit deux autres Mann-Stewart,"Winchester '73" et "Je suis un aventurier".Il adapte ici un roman de Bill Gulick.La belle direction artistique est supervisée par Nathan Juran,qui fut par ailleurs un formidable réalisateur de séries B,surtout dans le domaine de la SF.On lui doit notamment "L'attaque de la femme de 50 pieds","Le 7e voyage de Sinbad","La chose surgit des ténèbres" ou "A des millions de kilomètres de la Terre".Superbe travail également du chef-op Irving Glassberg qui profite à fond du Technicolor.De fait ces talents fournissent un bel objet filmique du point de vue esthétique grâce à la maestria habituelle d'un Mann toujours inspiré quand il s'agit de shooter des plans sophistiqués dans toutes sortes d'endroits escarpés à plusieurs niveaux.Les décors sont magnifiques et très variés,allant de plaines caillouteuses en sentiers de montagne périlleux,de terres verdoyantes en rivière aux rapides dangereux.Et il y a plein de trucs westerniens là-dedans,des chevaux,des chariots,des colts,des fusils et même un bateau à roue.Plaisir visuel évident donc,mais l'histoire n'est pas aussi enthousiasmante.Les péripéties sont nombreuses mais ressemblent à un catalogue,nos gentils agriculteurs devant se coltiner des indiens,les troupes du magnat de Portland,des chercheurs d'or,et devant pour finir subir la trahison au sein de leurs rangs,le tout sans perdre un seul élément.Les personnages sont très versatiles,changeant constamment d'avis ou de camp sans raison apparente,et on subit sur le fond une bonne grosse morale de boy-scout à propos de la Rédemption et de ceux qui ont tort ou raison d'y croire ou pas,doublée d'un éloge pompeux et sans nuance de l'esprit pionnier.Ce discours pesant nuit à la crédibilité d'un récit à la fois confus et très prévisible.On peut en effet deviner dès le début ce qu'il adviendra de chaque personnage tant l'architecture scénaristique est maladroite et schématique.A cet égard le personnage pivot est Jeremy Baile,joué par un Jay C. Flippen très mauvais,le vieux chef de cette communauté d'agriculteurs,sorte de Monsieur Parfait pétri de principes intangibles qui juge du haut de son magistère moral ce qui est bien ou mal,d'une manière sermonneuse et simpliste totalement ridicule.Stewart,pas au mieux de sa forme,a l'air de s'être trompé de casting.Difficile d'imaginer en le voyant que ce type a pu être un criminel autrefois,avec sa bonne bouille de grand dadais ahuri il est clair dès le départ qu'il restera du bon côté.On comprend vite qu'il n'en ira pas de même pour Emerson,joué par un Arthur Kennedy fantastique,tant le mec a l'air d'être constamment sur la corde raide et attiré par la fortune.Stewart et Kennedy se retrouveront trois ans plus tard dans "L'homme de la plaine",encore sous la direction de Mann,un film bien meilleur et plus intelligemment écrit,dans des rôles et des situations très proches de ceux qu'ils interprètent là.Rock Hudson traîne sa misère au milieu de ce bordel en incarnant un gandin inutile et sans personnalité suivant toujours le dernier qui a parlé.L'acteur semble se demander ce qu'il fout là,le spectateur aussi.Quant à Julie Adams,elle est bien jolie mais tout-à-fait transparente en enjeu de la rivalité entre McLanyck et Emerson,et puis on sait d'entrée lequel finira par se la faire.

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le 5 oct. 2022

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