Sur la forme, la nature romanesque de l'histoire peut surprendre de la part d'Hitchcock. De même que l'absence de mouvement et de différents lieux éloigne le cinéaste de ses créations les plus représentatives. Ce film sans ostentation n'a pas grand'chose à voir avec "La mort aux trousses" pour ne citer que ce film...
Toutefois, le sujet en lui-même permet à Hitchcock d'exploiter quelques uns de ses thèmes . Le suspense, relatif puisqu'il ne s'agit pas d'un film policier, est ici d'ordre psychologique et lié au passé trouble et énigmatique d'un couple désuni. Le drame est celui d'une femme alcoolique (Ingrid Bergman, plus belle que jamais pourtant) dont on voudrait deviner le secret enfoui. Aussi, le film n'est pas sans rappeler "La maison du docteur Edwards". mais ce n'est pas Ingrid Bergman qui mène l'enquête ici. Ce rôle est dévolu à Michael Wilding, qui joue un noble irlandais un peu fade et, pour l'anecdote, sujet d'une ambiguïté comme les aimait Hitchcock...
Le réalisateur se plait à donner une vulnérabilité à chacun des personnages; celle de Joseph Cotten, l'époux, excellent dans la dureté et la sobriété, en roturier complexé, apparait au second plan de ce drame finalement bien identifiable à son auteur.