Cela faisait longtemps que je n'avais pas écrit de critique, et ce film me donne l'occasion de me relancer dans l'exercice.
The Scarlet Letter de Roland Joffé est un film énervant. Enervant car il a le potentiel d'un bon film, il en possède tous les ingrédients. Le problème ? Ces ingrédients sont mélangés n'importe comment, en mauvaises quantités et dans le mauvais ordre.
La mièvrerie et la naïveté qui émanent du film sont ses premiers défauts. La musique, pourtant superbe, veut nous forcer à éprouver une empathie exagérée et fausse pour les personnages qui, s'ils sont certes attachants, brillent avant tout par leur pauvreté d'écriture.
Il me semble que le film aurait dû débuter à un stade de l'histoire qui n'intervient qu'à plus de la moitié de sa durée. Pourquoi ne pas débuter le film avec le retour de Mr Prynn le jour de l'humiliation publique de sa femme ? Pourquoi ne pas en faire pendant quelques minutes le protagoniste de l'histoire avant de dévoiler sa nature et de se focaliser sur Hester Prynn ? Pourquoi ne pas découvrir progressivement qui est l'amant d'Hester et prendre conscience de leur passion au fil de l'enquête du mari ? Il me semble que l'empathie créée serait bien plus forte qu'avec cette première heure de film artificielle qui présente absolument tous les clichés du coup de foudre, du début de romance naïf et adolescent qui nous ont été servis à toutes les sauces jusqu'à écoeurement. Pourquoi ne pas introduire les personnages d'une manière moins artificielle en général ? Y a-t-il vraiment un intérêt de les découvrir en même temps qu'Hester ? Il existerait 1000 autres façons de montrer le décalage entre l'héroïne et cette société puritaine, et tous me semblent plus pertinents. Le problème est que le spectateur sait déjà tout, que tout est laissé à l'écran et que les enjeux en sont hélas bien moins forts : l'étalage de toutes ces informations étant si évidents, on ne peut que deviner sans même avoir à y réfléchir ce qui se passera par la suite.
Par exemple, quitte à garder cette première partie, pourquoi ne laisser absolument AUCUN suspense quand à la survie de Mr Prynn ? Son retour aurait pu être (un peu) inattendu et ses aventures avec les indiens auraient tout à fait pu être racontées dans un flashback, ce qui aurait sans doute d'ailleurs rendu ces scènes plus intéressantes.
Et, en termes de réalisation, ça ne casse pas trois pattes à un canard. Symboliser l'acte interdit dans une société puritaine par des plans rapprochés sur des flammes vacillantes ? Curieuse manière de braver le puritanisme et la pudeur mal placée de cette société malsaine.
La deuxième moitié, beaucoup plus intéressante, se déroule du coup beaucoup trop lentement. J'aurais aimé la voir plus étalée. J'aurai aimé voir l'enquête plus approfondie, que l'on rencontre chacune des femmes interrogées et pas que l'on se concentre extrêmement brièvement sur la servante et la voyante. Ces scènes font pourtant partie des rares qui ont constitué un réel intérêt.
De même, mieux introduire les indiens aurait été plus pertinent. Ils sont mentionnés deux fois pendant le récit, comme un fusil de Tchekov plus qu'évident. Il aurait été alors plus intéressant de mieux dévoiler leurs liens avec Dimmesdale afin que le sauvetage final ressemble moins à un Deus Ex Machina forcé dans le seul but de préserver une happy-end malhonnête.
Là où le film m'énerve, c'est qu'il possède comme je l'ai dit tous les atouts pour être un bon film. L'histoire est intéressante, originale, mais assemblée dans le mauvais ordre. La musique, les décors, les costumes sont superbes. Mais dans ce scénario forcé, ils contribuent simplement à l'ambiance de mièvrerie instaurée. Enfin, la direction d'acteur pousse des acteurs que j'aime (notamment Oldman et Duvall) à surjouer dans excès de romantisme ou de colère maladroitement écrits.
Plus qu'un film pas terrible, une déception.