Si la Belgique n’a pas la côte niveau tourisme aujourd’hui, ce n’est pas le cinéma qui va attirer les gens à venir visiter le plat pays. Les frères Dardenne, Felix Van Groeningen, Michaël R. Roskam, chacun a une vision brute et brutale de sa contrée. Pour son premier long, Robin Pront suit plus ou moins la trace de ses aînés et met en scène Kenny, tout juste sorti de prison après avoir fait un holdup avec son frère Dave. Seul à avoir été pris, il passe quatre années derrière les barreaux avant de retrouver sa famille, plus bouillant que jamais.
Le début surfant sur fond de tragédie fait penser à un James Gray (The Yards ou La nuit nous appartient), ou l’histoire de deux frères totalement opposés et pourtant unis par les liens du sang. Puis le rythme s’emballe, les coups commencent à pleuvoir et le sang jaillir. Sombre et gris, Les Ardennes joue avec une bande son électro bodybuildée et une image aux reflets bleutés rappelant les œuvres de Refn. Le cadre et la symétrie des plans y sont, ça joue bien, ça joue dur.
Mais sous ces nombreuses références, cette première tentative de film ne s’ajoute-t-elle pas à un genre déjà éculé ? Oui et non. Il est vrai que l’on prend notre pied en voyant ces deux frangins s’enfoncer dans la boue la gueule ouverte. Car Plant met ce qu’il faut de tension et de dialogues bien sentis. Mais le poids des maîtres vient parfois l’écraser. Comme ce premier plan de Kenny, filmé de dos et laissant apparaitre un corps de bête. On est ici forcé de penser au mythique Bullhead. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Schoenaerts était pressenti pour ce personnage et tenait déjà le rôle-titre du court-métrage précédent de Plant, Injury Time.
Qu’importe, le coup d’essai reste validé pour sa qualité d’écriture et sa capacité à inscrire ce polar social dans un monde sombre, où plus aucun espoir ne semble permis. Dès la première image, on sait que la vie des deux frérots tournera au désastre, comme si c’était écrit d’avance. Ce constat, le cinéma l’entretient par son pouvoir de fascination, propre à un genre qui ne s’essouffle pas en s’inspirant de la misère collective, toujours actuelle.
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