Le marquis de Maubrun règne avec une autorité bienveillante sur sa progéniture nombreuse et sur un son domaine qui se délabre toujours davantage.
Pierre Fresnay tient avec conviction un joli rôle, pas précisément surprenant, mais tout en ambivalence et sachant se détourner de la caricature. Le sujet repose entièrement sur son personnage, enfermé dans des idées d'un autre temps, en gardien de l'hérédité et défenseur de valeurs aristocratiques dépassées. L'homme est entêté et le conflit des générations inévitable, incarné par des idées un peu poussiéreuses d'un côté, une accommodation aux réalités et moeurs du temps présent de l'autre.
Denys de la Patellière, qui a tourné un certain nombre d'adaptions littéraires généralement médiocres, ne s'en sort pas trop mal. Je ne connais pas le roman d'origine et j'ignore si quelques uns des personnages sont aussi transparents que dans le film. Le réalisateur a toutefois réussi à dessiner le caractère fort et orgueilleux de Maubrun père; et, par ailleurs, le conflit qui l'oppose à sa fille Daisy (Brigitte Auber, très bien) possède une vraie force dramatique.
Enfin, la séquence chez l'aristo de fraiche date, le prince de Conti, est un autre moment fort du film dans ce qu'il révèle des fiertés et des prérogatives que s'attribuent les aristocrates, les "vrais".