Loin du réalisme poétique de ses débuts, Marcel Carné marche dans les pas d'un André Cayatte avec ce film judiciaire au ton accusateur, dénonçant les violences policières dans la France de l'après mai 68.
J'avais un a priori plutôt positif, que le début du film n'a pas démenti, avec cette perquisition à l'aube, dans un décor urbain grisâtre. Une certaine atmosphère se dégage d'emblée, avec ces costumes seventies, cette photo un peu terne...
Hélas, on se rend compte rapidement que l'affaire en elle-même n'apparaît guère excitante : les faits semblent limpides, on sait d'emblée qui sont les bons et les méchants, et le seul suspense résidera donc dans la réponse judiciaire - le juge et les témoins étant victimes de pressions diverses.
L'arrivée de la belle Catherine Rouvel, dans le rôle d'une prostituée présente sur les lieux du crime, vient ponctuellement relancer l'intérêt, mais sa présence restera assez limitée.
En parlant du casting, je n'ai pas trouvé Jacques Brel très à l'aise dans ce rôle de ce juge intègre et sans illusions, même si le chanteur-comédien ne démérite pas.
Michael Lonsdale m'a semblé plus convaincant en commissaire droit dans ses bottes, de même que Charles Denner en ténor du barreau sans scrupules.
En revanche, certains seconds rôles ne sont pas à la hauteur, à l'image du fils du juge.
Avec cette adaptation d'un roman de Jean Laborde, Marcel Carné signe un film courageux mais austère, dont l'intrigue manque de punch et de mystère.
Didactique et très bavard, "Les assassins de l'ordre" reste toutefois un témoignage intéressant (mais un brin longuet) sur le fonctionnement des institutions durant cette période.