Les Aventuriers arrive dix ans trop tôt ou trop tard : ni au sommet du genre exotique ni du film d’action réformé, il essaye d’initier tout seul une révolution qui fait long feu. Son but : couvrir le maximum de sujets, du petit film de truands au tournage congolais, avec une histoire d’amitié, d’amour ambigu, de fans de mécanique, de trésor, de trahison & de castagne.
Résultat : le film utilise autant de véhicules qu’un Buster Keaton, les scènes n’ont pendant longtemps aucun lien les unes avec les autres, & pas la moindre séquence n’arrive à donner une personnalité fixe aux personnages, comme s’ils étaient les marionnettes de leurs actions & pas du tout les fortes têtes qu’on attend en position d’ “aventuriers”. Peu importe alors que Delon, Ventura & Reggiani dussent faire partie d’un casting disparate avec du bouche-trou bon marché.
À sa décharge, c’est exceptionnel qu’un film français de cette époque s’essaye à autant de choses. Utilisant à la fois ces bons vieux fonds défilants & des plans subaquatiques, Les Aventuriers est si expérimentatif qu’il en est presque un James Bond franchouillard (avec une criminalité à la portée très très réduite, fade d’ailleurs), avec quelque audace pour des plans en avion m’as-tu-vu mais bien intégrés, & surtout un des premiers opus du septième art où l’équipe assume de s’être éclatée. On peut le voir sans souci pour autre chose que la découverte du Fort Boyard prétélévisuel si l’on ne se fait pas surprendre par son vieillissement hétérogène et localisé.
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