Dans une ile proche de l'Irlande, dans les années 20, un homme va soudainement briser son amitié avec son compagnon de beuverie, ce qui va non seulement perturber ce dernier mais marquer aussi les habitants.
Martin McDonagh est un réalisateur qui prend son temps (4 films en une quinzaine d'années), mais chacun d'entre eux a eu son intérêt. Aussi bien Bons baisers de Bruges (déjà avec Colin Farrell et Brendan Gleeson) que 3 Billboards, même si j'exclus le dispensable 7 psychopathes. Là, il signe un drame irlandais, où d'ailleurs les 4 acteurs principaux sont issus du pays, d'où la délicieuse sensation de voir un home movie sur ce pays, avec les accents qui vont bien. Par ailleurs, c'est magnifiquement filmé, avec cette ile qui n'est pas bien grande, mais qui semble avoir capté toute la verdure des alentours.
Quant aux deux acteurs, je mise une pièce sur un Oscar pour Colin Farrell, parfait en benêt, voire touchant quand il perd son ami joué par Brendan Gleeson, impressionnant dans le silence qu'il s'impose presque, ou quand il joue du violon pour compenser cette solitude qu'il s'est imposé. C'est aussi dû à un drame qu'il ne vaut mieux pas déflorer, mais le mélange avec l'humour marche très bien, surtout dans l'interaction entre Colin Farrell et les autres habitants, qui semblent être tout ce que l'Irlande a rejeté, il n'y a pas d'enfants, ni de couples, que des gens célibataires ou des sorcières. Je regrette un peu que le réalisateur a tellement imposé de silences et de non-dits qu'à plusieurs reprises, le récit est presque sibyllin. Car au fond, ce qu'on aime y voir, ce sont ces deux acteurs formidables, ce paysage irlandais qui donne envie d'aller y faire un tour, et ça reste un très bon film, mais pas le chef d'oeuvre que j'ai pu entendre ça et là.