En guise d'amorce, il est sans doute important de préciser que d'inclure Les Banshees d'Inisherin dans la catégorie des comédies est très discutable. Peut-être peut on le relier si on tient à cette citation du dramaturge Ionesco "Le comique étant l'intuition de l'absurde, il me semble plus désespérant que le tragique."
Bon, au-delà de la question du genre, c'est une expérience très particulière que propose ce long-métrage. Clairement l'épure est au rendez-vous puisque les paysages, qui offrent une très belle photographie, sont vides, le scénario tient sur une ligne, un homme décide du jour au lendemain de ne plus parler à son meilleur ami et les dialogues sont à première vue vides et répétitifs. Est-ce pour autant le vide pendant presque deux heures ?
Pas forcément, car piégé avec les personnages sur cette île hors du temps, on patauge avec eux dans une certaine absurdité, mais qui si elle échappe à nos repères habituels, n'est pas vide de sens. On y fait pas grand chose et en même temps, on se consacre à la plus grande question, le sens de la vie.
Le temps ne passe pas et pourtant il passe. Alors chaque personnage le vit d'une manière différente. Les réponses sont en effet nombreuses et le récit en brassera plusieurs durant le temps passé sur l'île.
On se retrouve donc finalement avec un résultat brillant qui dans la farce tragique amène une réflexion métaphysique pertinente sur la question de l'existence ... mais d'un incroyable pessimisme.