Spoilers!
L’ensemble de ce film est juste magnifique. De la photographie, aux dialogues, aux personnages, aux symboliques, au décor. Tout est wow.
Les canons de la guerre civile, être en guerre avec les autres alors qu’on est en guerre avec soi-même.
Les premières scènes où Podraic parle à Dominique, il le prend de haut et n’arrive pas à rester calme par rapport aux futilités de ce qu’il dit. Mais lui-même ne comprend pas que c’est ce que Colm ressent à son égare, la futilité pure dans chaque mot, qui n’avance à rien, qui est douloureux pour l’esprit. Mais lorsqu’il s’agit de soi-même, il n’arrive pas du tout à imaginer que ça puisse être « ça », qu’il puisse être « gentil mais stupide ».
Le fait de se couper des doigts, est-ce le symbol qu’à chaque fois qu’il parlait à Podraic, il mutile son intérieur à ne jamais rien produire et à stagner dans la médiocrité ? Qu’il s’éloignait toujours peu à peu de son ultime but, perdurer dans les siècles à venir par la composition de la musique ?
Lorsque sa sœur pleure après que le flic lui ait dit que personne ne l’aimait, et que son frère se retourne, triste aussi dans son lit, c’est à mes yeux une symbolique incroyable.
Le « gentil » du village n’arrive plus à être heureux sans son ami, et sait au final ce que les autres pensent au fond d’eux-mêmes : qu’il est creux et idiot.
Sa sœur, cultivée, penseuse, souhaite un autre décor ailleurs qu’entre des hommes barbants se chamaillant pour des choses minables. On perçoit un soupçon d’orgueil dans ce personnage qui s’effondre lorsqu’il lui avoue que personne ne l’aime au fond.
Deux opposés, être gentil ne sert à rien, être intelligent ne sert à rien. Dans les deux cas, ils sont mal aimés.
Comment les autres font-ils pour s’apprécier alors ? Que devrait-on faire ?
Colm choisi d’être aimé à travers le temps, et il pense que ce sera salvateur et que ça lui apportera de la paix dans son cœur tourmenté.
J’ai aussi envie de parler de Dominique, ce personnage largement sous-estimé. Il est retrouvé mort dans le lac peu de temps après que lui aussi ait tout perdu. La désillusion que Podraic était au final absolument comme tout le monde, et était capable d’être méchant, lui aurait peut-être fait perdre espoir en l’humanité et surtout, de trouver sa place dans un monde méchant qui est dépeint par un père violent, abusif et alcoolique. Son dernier espoir de trouver une femme qui tombe amoureuse de la personne qu’il est envolé, il ne lui restait donc plus rien ?
Ce film m’a fait beaucoup réfléchir, il est émouvant, surtout la place qu’ont les animaux. Ils ont une place supérieur aux humains.