En 1923, Padraic et Colm vivent sur Inisherin, une petite île proche des côtes irlandaises. Un jour, c'est le drame : Colm apprend à son ami de toujours qu'il ne veut plus le fréquenter, comme ça sur un coup de tête. Le début d'un drame...
Je m'attendais à un film relativement austère, entre son lieu isolé et sa thématique peu réjouissante. C'est oublier que Martin McDonagh est à la barre. Le réalisateur et scénariste alterne régulièrement entre tragédie et comédie. Balançant des vannes quand on s'y attend le moins, tandis que des idées très dures et irrationnelles nous sont envoyées dans la figure.
Ainsi, "The Banshees of Inisherin" est prenant de bout en bout, avec en prime un cadre sublime. Le tout est filmé en décors naturels irlandais, avec verts pâturages et falaises majestueuses. Des paysages qui tranchent avec la grande solitude des personnages, l'un des principaux thèmes du film, davantage que l'amitié. D'ailleurs, si le projet a été annoncé dès février 2020, je ne peux m'empêcher de penser que les confinements covid ont influencé le scénario et le tournage...
Les acteurs sont excellents. Colin Farrell et Brendan Gleeson bien sûr, que l'on retrouve avec plaisir chez McDonagh en amis en froid. Mais aussi Barry Keoghan et Kerry Condon, second rôles très solides et profonds. Tout ce petit monde (tous des Irlandais) a du s'amuser de jouer avec un fort accent et argot local.
Sur le fond, au-delà de la solitude et également de la culture, "The Banshees of Inisherin" est un film assez riche, qui brasse plusieurs sujets de manière ouverte. Le folklore irlandais est présent, à travers les banshees (une créature annonciatrice de mort dans la culture irlandaise). Mais surtout de nombreux parallèles avec la guerre Civile qui fait rage lors des événements du film. Cette séparation irrationnelle et auto-destructrice de deux hommes simples évoquant le déchirement violent d'un pays.
Un beau film, à la fois dur, drôle, et riche.