Voilà un film qui sera certainement voué aux gémonies par tout ce que le pays compte de vieux droitards racistes, et dieu sait qu'il y en a beaucoup et de plus en plus. Bon, pas de quoi en faire un plat pourtant. Je parlerais plutôt d'un film plaisant et positif, un feelgood movie qui ne montre guère d'originalité, dont la construction d'ensemble est plutôt réussie mais dont le scénario relève plutôt du conte de fées bien plus que du réalisme social.
Si les allusions aux actions des néo-nazis qui ont récemment tenté d'empêcher l'implantation de centres d'accueil pour réfugiés en Bretagne (Callac, Saint-Brévin) sont plutôt bien senties, de même que le sont quelques autres clins d’œil à l'actualité récente, les personnages (français) que le film met en scène font figure d'archétypes plutôt que de véritables personnes. Trop simplistes pour être vrais, ils évoluent en outre dans un village breton d'opérette. Quelque part sans doute la vision qu'a de la France rurale (et je ne parle même pas de la Bretagne) la réalisatrice (et actrice principale) Julie Delpy, qu'il m'est difficile, après avoir vu ce film, de ne pas qualifier de bourgeoise parisienne de sensibilité humaniste. Bon, après ça vaut mieux qu'une bourgeoise parisienne sans empathie et haineuse, mais ça ne suffit pas à faire le grand film que le sujet des migrations mériterait (comme "Moi, capitaine", par exemple).
Après le film est bien interprété, sur un mode comédie - qui tutoie parfois le théâtre de boulevard - bien sûr. Il est plaisant plus qu'hilarant : certains dialogues sont bien enlevés, mais ils ne suscitent que rarement le rire. La corde sensible du spectateur est évidemment titillée, avec force tout au long de la pellicule et avec beaucoup de force dans le final. Le dénouement est sans surprise, un film comme ça ne peut se terminer que par un happy end général. Et si les messages humanistes et féministes véhiculés sont plutôt sympas à mes yeux, je doute qu'ils parviennent à contrebalancer les torrents de fiel déversés quotidiennement par nombre de médias. Car n'iront voir ces barbares que des spectateurs déjà convaincus : on comprend tout de suite de quoi il est question en visionnant sa bande-annonce.