Qu’on soit fan ou pas de sa filmographie en tant que réalisatrice, on a quand même connu Julie Delpy plus inspirée ou innovante. Par exemple, son diptyque « 2 days in New York » et « 2 days in Paris », si on reste dans le domaine de la comédie, était bien plus pointu et original. Cette actrice à la base, dont la carrière se divise entre les États-Unis (la trilogie des « Before » avec Richard Linklater derrière la caméra et Ethan Hawke devant) et la France depuis ses débuts, touche un peu à tout mais ses films comiques deviennent de plus en plus lisses et populaires dans le mauvais sens du terme. Si « Le Skylab » était plutôt sympathique, son association avec Dany Boon sur « Lolo » n’était pas vraiment un bon souvenir. Elle redresse (un peu) la barre avec « Les Barbares » notamment grâce à un sujet porteur et contemporain mais tout cela demeure le type de film trop gentil et formaté, parfaitement calibré pour un prime-time de chaîne hertzienne.
On se demande même si elle n’a pas trouvé son inspiration grâce au film de Ken Loach puisqu’elle en reprend quasiment le même postulat. En effet, dans « The Old Oak » son dernier film, le cinéaste social et humaniste britannique montrait comment l’arrivée d’une famille de réfugiés syriens allait déchaîner les passions au sein d’un petit bourg campagnard anglais. Et c’est exactement le même synopsis que pour « Les Barbares », origine des réfugiés compris, sauf qu’ici on est dans un petit village breton et, surtout, que Delpy a choisi la voie de la comédie plutôt que du drame. Et même si le sujet se veut social et réflexif ici, elle laisse vraiment le constat sociologique en lointaine toile de fond laissant le rire passer en premier. D’ailleurs les quelques tentatives d’émotion et de sérieux sont à côté de la plaque et dénotent. On passe tout de même un bon moment avec ces villageois proches de la caricature et leurs travers humanistes, racistes ou entre les deux.
Les acteurs sont pour beaucoup dans le plaisir qu’on prend à les voir s’écharper sur la question de cette famille. Et visiblement ils s’amusent aussi et quelques situations tout autant que des répliques bien senties vont beaucoup nous amuser. On passera donc sur le côté prévisible de tout cela, que ce soit dans la tournure que vont prendre les événements mais aussi l’évolution des personnages et l’évidence de la conclusion en forme de happy-end. Il est moins aisé d’être tolérant avec la mise en scène de l’actrice qui s’avère paresseuse et proche du téléfilm. Jamais elle semble vouloir tenter ne serait-ce qu’un plan ou un mouvement de caméra un tant soit peu étonnant. Et concernant l’humour on aurait clairement aimé quelque chose de plus piquant, osé et méchant avec pareil sujet prometteur. Mais, visiblement, Delpy a préféré éviter toute polémique et juste faire un passer un bon moment. Alors on ne fait pas la fine bouche et on se satisfait de cela.
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