Après avoir été des truands pour rire dans "Les tontons flingueurs", Ventura, Blier et Blanche sont ici des espions parodiques. Ces trois-là, plus quelques autres, représentant chacun son pays, cherchent à s'approprier des brevets militaires auprès d'une jolie héritière.
Dans le château de la jeune veuve, c'est un festival de coups tordus, poses de micros et tentatives de meurtres pour évincer ses concurrents. Principalement, l'accent parodique est mis sur d'incessantes escarmouches entrecoupées de commentaires très personnels sur la condition d'espion, observations cocasses qui relèvent des questionnements et appréhensions du salarié ordinaire (retraite, charge de travail...), de la même façon que les Tontons flingueurs se posaient en honnêtes travailleurs.
En l'absence d'une mise en scène et d'un scénario très subtils, l'intérêt repose sur les formules d'Audiard et leur interprétation. Mais la principale faiblesse du film, dans lequel Lino Ventura se taille la part du lion, c'est sans doute de sous-employer Bernard Blier et Francis Blanche. Leur personnage, quoique saugrenu et propice à la dérision, est trop visiblement secondaire et ne permet , ni à l'un ni à l'autre, un vrai bon numéro.