Pourtant doté d'un casting de rêve, "Les Bien-Aimés" ne réussit pas à emballer et finalement, ces histoires d'amour sur 30 ans nous paraissent beaucoup trop longues et surtout trop peu intéressantes. Les différents passages chantés, les changements de lieux n'y font rien, on est en face d'un film somme toute assez plat, Christophe Honoré se contentant de faire bouger ses personnages un peu partout dans le monde à la recherche (ou pas, on se le demande parfois), de leur grand amour.
Le film débute dans les années 60 avec Ludivine Sagnier déambulant dans les rues de Paris et se prostituant à l'occasion "pour arrondir les fins de mois". Comme on peut s'y attendre, elle rencontre un Tchèque dont elle tombe amoureuse dès sa première passe avec lui. Elle ira même jusqu'à le suivre à Prague et aura une enfant avec lui puis le quittera au moment du Printemps de Prague pour revenir en France. Durant cette partie, le film reste assez agréable à regarder, les différentes chansons sympathiques et les personnages sont encore attachants.
C'est ensuite que tout se corse. On s'aperçoit que le personnage de Ludivine Sagnier n'arrive pas à se défaire de son Tchèque. Pourtant remariée, trompée par son premier amour, elle ne peut s'empêcher de le voir en cachette et coucher avec.
"Coucher". On se demande d'ailleurs si le sexe est la seule vision de l'amour selon Christophe Honoré puisque durant le film, les différents protagonistes "amoureux" ne feront que coucher ensemble. Tant et si bien qu'au final, le spectateur a l'impression qu'il n'y a plus que ça et oublie même les chansons qui ne viennent que ponctuer de temps à autre certains moments du film qui auraient tout à fait pu se passer de texte.
Mais le film ne parle pas uniquement du couple Mère/Père mais également de Chiara Mastroianni amoureuse d'un anglais gay et Ô comble du désespoir, séropositif. Lui, couchera avec elle, mais refusera de lui faire un enfant. Il exhibera ses conquêtes masculines et tout cela se conclura à Montréal par un plan à trois arrivant comme un cheveu sur la soupe alors qu'on pensait qu'ils allaient enfin se retrouver et finir ensemble.
Car oui, les amoureux ne se retrouvent jamais. Le Tchèque de la mère mourra après avoir pris une branche d'arbre sur la tête en allant la retrouver (encore une fois, on se demande comment un couple peut avoir autant de poisse) et le personnage de Chiara, s'apercevant qu'elle n'aura pas l'amour qu'elle souhaite, se suicidera en avalant les médicaments de son amant (ou pas ?!) sensés l'aider à lutter contre la maladie.
Telle est la conclusion d'un film beaucoup trop long (2h20) pour ce qu'il raconte. Les histoires d'amour finissent toujours mal, pas une once d'espoir ne ressort du film. Quant au mari de Ludivine Sagnier/Catherine Deneuve, il se résignera à laisser sa femme coucher avec un homme qui l'avait quitter 30 ans auparavant, pour son bonheur car il l'aime même si ce n'est pas réciproque, parce qu'elle préfère l'impossible relation avec le père biologique de sa fille (Vous suivez toujours ?).
Pas grand chose à sauver donc, de ce film dont on attendait beaucoup, pas même les jambes des femmes dans la rue : il ne suffit pas reprendre un plan connu ("L'homme qui aimait les femmes") pour transformer un film beaucoup trop complexe et prétentieux, nombriliste comme nombre de film "à la française" en un bon film, d'auteur et poétique. Y ajouter un nombre incalculable de scènes de cul non plus.
Seul point positif qu'il est nécessaire de soulever : le charme du couple Mère/Fille Deneuve/Mastroianni : une grande complicité à l'écran, elles prennent plaisir à jouer ensemble. Dommage que ce soit pour une histoire aussi inintéressante.