J'étais plus qu'enthousiaste à l'idée de découvrir le dernier film en date de Hirokazu KORE-EDA, cinéaste dont j'aime beaucoup le travail, c'est avec d'autant plus de déception qu'en ce qui concerne cette proposition, je suis plutôt déçu.


Kore-Eda explore une fois de plus un pan de son thème quasiment unique à chacun de ses films, la famille, mais la famille dysfonctionnelle, la famille reconstruite, la famille de choix face à celle de sang, la filiation contrariée ou questionnée. Ici il aborde le thème de l'abandon et de l'adoption, qu'il développe dans un road movie centré autour de trois personnages dont les choix sont dictés par leur destin ou devrais je dire pour être plus exact par leurs histoires, et qui même s'ils n'apparaissent pas toujours pertinents ne sont pas sans rappeler d'autres personnages de la filmographie du cinéaste japonais.


Hélas cette fois, Kore-Eda ne parvient jamais à passionner, malgré une thématique qui pouvait laisser le scénario nous entrainer dans un moment mêlant tensions et émotions, empathie ou rejet envers ses protagonistes, bref quelque chose de sensoriel et à la fois de cérébral, un équilibre pas évident à trouver, source de grande satisfaction quand un film parvient à nous le procurer et que Kore-Eda était jusqu'ici avec ses précédents films parvenu à atteindre.


Il serait faux de dire que le film est un ratage complet, mais en raison d'un scénario qui s'étire sans jamais servir l'histoire, j'en veux pour preuve les révélations et autres justifications qui le parsèment qui ne sont jamais amenées à la fin d'une construction ou d'une intrigue dédiée mais systématiquement plantées là comme des évidences qu'elles ne sont pas, mais qui échouent à donner du poids à l'un ou l'autre des personnages, tout juste si elles permettent au film d'avancer.

Personnages qui d'ailleurs eux aussi souffrent d'un manque d'inspiration de la part du réalisateur, ils ne sont pas foncièrement antipathiques en dépits parfois de décisions discutables, ils ne sont pas non plus propices à engendrer un attachement bienveillant, ils sont, et c'est triste de le dire, assez transparents et j'avoue ne pas comprendre le prix d'interprétation masculine remporté par SONG Kang-ho acteur immense du cinéma coréen qui a à maintes fois prouvé toute sa valeur, mais non pas ici, pas pour moi.

Une mise en scène, flemmarde, poussive, sans aucune prise de risques n'aide pas non plus à relever l'impression globalement négative qui est la mienne à propos de ce film.


Peut-être que Kore-Eda a atteint les limites de sa thématique et qu'il devrait songer à en explorer des nouvelles, ce qu'il avait déjà tenté avec réussite avec The Third Murder (2017). Là je me suis ennuyé et j'oublierai ce film, à mon grand désarroi.

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