C'est par le roman d'Alistair MacLean que j'ai lu à l'âge de 13 ans (souvenir précis !) que j'ai rencontré pour la première fois cette histoire. Histoire trépidante qui m'avait littéralement galvanisé. Le genre de livre qu'on ne peut pas lâcher et qu'on dévore intensément. J'avais même cherché pendant quelque temps à cette époque à me documenter dans des dictionnaires et des atlas sur l'île et sur l'action du commando dont la couverture du livre "affirmait" l'authenticité. Pour me rendre compte finalement que c'était une fiction …
Bien des années après, j'ai vu le film à la télévision et en étais sorti un peu perplexe entre autres à cause des modifications opérées dans le scénario : dans le roman, par exemple, le blessé n'était logiquement pas le chef de mission mais un jeune officier brillant mais un peu inexpérimenté ; de plus, les deux résistants de l'île de Navarone étaient des hommes. Lors de mon premier visionnage, j'avais trouvé que le remplacement des deux résistants par deux femmes était plutôt une bonne idée. Aujourd'hui au nième visionnage, je pense au contraire que cela affaiblit ou atténue le message du roman à cause de la double romance qui n'apporte pas grand-chose. Heureusement, Thompson a quand même eu la bonne idée d'employer Irène Papas, la femme grecque au caractère trempé et au beau visage tragique.
Spoiler : L'idée d'introduire des femmes et surtout que le traître soit une femme aurait pu être géniale si Jack LeeThompson avait été au bout de son idée à savoir conduire Grégory Peck à l'abattre lui-même (alors que, là, c'est Irène Papas qui le fait) : ça aurait été complètement politiquement non correct mais en phase avec la logique dure d'un commando qui ne peut pas s'embarrasser de sentiments).
Autre différence avec le roman qui en plus, n'apporte rien sinon une ambiguïté artificielle qui ne peut avoir cours dans une action commando : Andrea (Anthony Queen) est présenté dans le film comme un homme ayant un ressentiment vis-à-vis de Mallory (Gregory Peck) alors que dans le roman ce sont deux hommes amis qui s'apprécient profondément. Un alter ego pour employer l'expression du roman.
Reste le film d'action qui est tout de même spectaculaire avec des effets spéciaux très efficaces et une tension qui ne désarme pas dès lors que le groupe est constitué.
Côté distribution, il faut rendre grâce à Thompson de ne pas avoir fait dans la surenchère des héros. Ici au contraire on a des héros à taille humaine. Avec même des états d'âme…
Entre un énergique Gregory Peck, comme d'habitude introspectif, un David Niven à la limite de l'antimilitarisme, un Stanley Baker dans le rôle d'un adepte de la saccagne, surnommé "le boucher de Barcelone", un Anthony Quayle dans le rôle d'un ambitieux chef de mission dont la baraka légendaire vient de tourner, un modeste Anthony Quinn mais redoutable, on a la panoplie de tous les archétypes des hommes d'action.
Et Irène Papas dont j'ai déjà parlé mais dont je me plais toujours à la croiser dans les films, tellement elle assure.
A noter un point qui m'a beaucoup plus dans le film de Thompson, c'est l'introduction qui opère un tour des monuments antiques grecs (on reconnait brièvement les cariatides du Parthénon, certains magnifiques temples grecs) pour finir sur l'île de Rhodes et en particulier la ville de Lindos où le film a été principalement tourné.
Film de guerre efficace que j'aime bien revoir de temps à autre (même si clairement j'ai une petite préférence pour le roman)