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Les plaines arides et les reliefs découpées de la réserve de Pine Ridge sont font partis, tout autant que les habitants de la réserve, des protagonistes du film de Chloé Zhao. Au coucher du soleil, avec un ciel paré de 1000 couleurs, la nuit plus ou moins paisible, la chaleur des journées, autant de magnifiques plans de paysage pour mieux ancrer la réalité des Indiens de la réserve, dont personne ne s’échappe. Le film, opérant comme un huis clos à ciel ouvert, dépeint de manière presque documentaire la vie difficile au milieu de ces paysages pourtant idylliques, où vit la communauté restreinte des indiens. Huis clos où l’alcool, pourtant prohibé, coule à flot, seule échappatoire à la monotone et triste vie qui est la leur. Malgré l’horizon infini qui les entoure, les jeunes ont des rêves limités à ce qu’ils ont toujours connu, c'est-à-dire les cow boys et les ranchs. Seuls quelques uns, comme Aurelia, voulant devenir avocate, s’en vont découvrir l’inconnu.


Jashaun, jeune Indienne que l’ont suit durant le film, est la personnification de la communauté : à la recherche de ses origines, notamment de son père, dont elle fait partie des 25 enfants et qu’elle n’a que très peu connu, à la recherche de sa culture et de ses traditions, (la confection de sa robe pow wow et sa danse de fin) mais surtout à la recherche, sinon de héros, tout du moins de repères, de quelqu’un en qui croire. Ce repère sera incarné par son frère Johnny, au moins dans la première partie du film, qu’elle suit et admire naïvement, comme le ferait n’importe quelle petite sœur, de surcroît privée de père. Mais au fur et à mesure, on suit par son regard la progressive démystification de Johnny, déclenchée par la découverte de son départ pour LA avec sa copine. Le frère, filmé au début fière et beau sur son mustang et détenant un certain pouvoir dans son trafic d’alcool, se verra peu à peu mettre au pied de son piedestal, se faisant battre sur le ring puis en vrai par un gang de trafiquants rivaux. Jashaun doit alors se trouver quelqu’un d’autre en qui croire, et reporte son choix sur le mystique Travis qui met des fringues typiquement américaines à la « mode indienne », ainsi que sur son demi frère rider de taureaux qui lui apprend à monter.


Car de repères, c’est précisément ce dont manque la communauté, américanisée mais ne voulant cependant pas abandonner ses propres traditions, de perspectives d’avenir autre que l’alcoolisme, chose que tous craignent sans pour autant pouvoir y échapper. Tous rêvent de s’enfuir, mais comme le dit si bien Johnny : «la réserve, c’est tout ce que l’on connaît, on a tous quelque chose qui nous retient ». Le film n’est cependant pas dénué d’espoir, notamment quand Travis annonce de manière prophétique que la septième génération, celle de Jashaun, sera celle qui les sauvera. Jashaun serait l’illustration de la beauté et d’une certaine pureté qui perdure de cette culture, mais pour combien de temps encore ?

Léa_Krykowski
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le 11 nov. 2015

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