Les Chemins de katmandou par Lauren Plume
Difficile de critiquer ce film. Notamment parce qu'il est d'une époque que je n'ai pas connue, et certaines choses doivent peut-être être remises dans leur contexte historique. Mais je vais tout de même essayer.
Dans l'ensemble, je dirais que c'est pas un mauvais film, mais j'ai eu du mal à l'apprécier parce que le personnage principal m'est profondément antipathique.
Olivier est un jeune homme idéaliste, révolté contre la société, comme en trouvait à la pelle dans les années 70. Il quitte sa mère et part à Katmandou à la rencontre de son père. On a tout de suite le tableau: la séparation, la recherche du père, la route vers des contrées lointaines, les Indes, les hippies, bref: le voyage initiatique dans toute sa symbolique. Des rencontres l'attendent, des épreuves, un apprentissage de la vie, devenir un adulte… Rien de bien original en somme, mais de bons ingrédients pour raconter une belle histoire.
C'est sans doute pourquoi j'ai été un peu déçue.
(Attention, la suite dévoile certains développement du film, pas complètement mais un peu).
Malheureusement, Olivier reste tout de même relativement fidèle à lui-même pendant quasiment toute la durée du film. C'est à dire égocentrique, égoïste, fermé, jaloux, possessif, violent, et chiant comme les pierres. Sans attendre qu'il se fonde parmi les hippies et se mette à fumer des joints en portant des colliers de fleurs au bout de cinq minutes, est-ce qu'il est obligé de frapper sa copine à tout bout de champ ? D'ailleurs, on se demande ce qu'une hippie pacifiste amoureuse de la liberté fout avec un type pareil. Il est pénible, il lui tape dessus et il est jaloux alors qu'elle n'est visiblement pas intéressée par la monogamie. Ce qui est détestable, c'est que cette union bizarre finira par coller exactement aux clichés de la romance hétérosexuelle exclusive, quand la jolie Jane dépendra de son Homme pour sortir du démon de la drogue. On se demande bien ce qu'Olivier apprendra de cette rencontre. Pas grand chose à mon avis. Du coup, on se demande aussi à quoi servent les hippies, si ce n'est à jouer de la guitare et à se droguer jusqu'à devenir des loques. Je trouve ça dommage, puisque le personnage me donne l'impression d'avoir beaucoup à apprendre d'eux: son obsession pour l'argent, sa possessivité, son égocentrisme, ses comportements violents, son indifférence à la misère du monde, son mépris pour la spiritualité… Peu de ces choses changeront au cours de sa route et de ses rencontres. Même son idéalisme, qui le fait paraitre un tout petit peu sympathique au début du film, semble avoir disparu quelque part en chemin. On se demande s'il a jamais espéré changer la société, ou s'il cherche simplement à obtenir sa part du gâteau.
Le Moment du film que je préfère est sa rencontre avec Jane, lorsque leurs visions du monde différentes se confrontent. Jane est un personnage intéressant, même si assez cliché dans le genre "hippie au grand coeur avec des colliers de fleur". Son regard sur le monde est certes idéaliste, mais empreint d'une certaine sagesse et d'une grande force positive. A ce moment là, on se dit qu'Olivier a beaucoup à apprendre d'elle. Mais que nenni. Olivier n'est pas homme à prendre des leçons de vie d'une gonzesse. Il préfère leur mettre des tartes pour les aider à résoudre leurs problèmes (mais uniquement quand il n'est pas préoccupé par les siens). Ou alors, juste comme ça, sans raison particulière.
On peut aussi apprécier la façon dont les deux revers de la culture hippie sont montrés: d'un côté les voyages, la paix, la joie, l'idéalisme, la vie de bohème, la recherche du bonheur... De l'autre la drogue et ses ravages. Mais au final, c'est un film plutôt violent, et l'aspect "initiatique" n'est pas vraiment développé. Bref, le film part bien, mais se perd quelque peu en cours de route.