Douze ans après Ali Zaoua, Ayouch reprend la direction de jeunes acteurs. Il est toujours question de bidonville et de tours jumelles, même si elles sont tombées entretemps et qu’il en esquisse la chute ici, mais il y a ”presque” une bonne raison à ça : si Ali Zaoua se faisait le présage d’une violence future (ce qui n’a pas raté avec deux des trois jeunes acteurs devenus délinquants), Les Chevaux de Dieu sont une rétrospective, la proposition d’un passé fictif pour quelques terroristes s’étant faits sauter à Casablanca en 2003.
Pour donner du contexte, Ayouch a donc évidemment dû trouver des enfants et n’a pas eu le choix que de consacrer un chapitre au 11 septembre, pour une fois que la matriarche de la maisonnée regardait autre chose que des feuilletons à la télévision dotée de sa parabole toute neuve. Mais le symbolisme déborde : Ayouch a beau nous montrer de forts beaux parallèles entre l’enfance et l’âge adulte et illustrer les cercles vicieux par des plans dronés faciles mais bien vus, ses gamins sont grotesques. Pas caricaturaux, car ils sont trop vrais au contraire, mais on ne les voit que fumer, boire et jurer, sans la tendresse que cachaient par exemple les décombres d’Ali Zaoua.
La jeunesse n’a donc pas la part belle, ni la plus grande, dans ce Des Hommes et des Dieux qui ne sait pas cerner la radicalisation autrement que par la rupture, comme si on n’avait pas su comprendre comment l’Homme pouvait se laisser manipuler. L’ambiance est profonde, heureusement, et garantit qu’on ne s’ennuie pas : le monde qu’Ayouch a élu pour domicile est on ne peut mieux traduit par des interprétations quasiment familiales, mais le propos est mal garanti.
→ Quantième Art