Psychose collective chez les muets
Un Hitchcock après en avoir vu une trentaine, et un des années muettes... je craignais d'autant plus avec ces notes des plus illustres moyennement hautes...
Crainte ? Non peur même.
Une heure et demi plus tard... de bonheur, telle la joie au coeur qui ne demandait qu'à ressortir, s'exprimer, avais-je halluciné ?
Ces plans géniaux, cette mannequin qui rit avoir été terrorisée par sa copine de boulot, cette représentation des médias oppressants avant l'heure, ce plan qui se rapproche sur les lèvres brûlantes de désir du locataire, cette musique qui transite de la gravité et l'angoisse à la pure légèreté et gaieté, la transparence du plancher afin de laisser comprendre le bruit des pas d'un homme qui tourne en rond (idée géniale pour un muet, tout de même) et surtout... ce plan sur les pieds de Daisy dans son bain, 30 ans avant Psychose, si exquis avec cette même fusion éros-thanatos et puis encore et toujours ce rapprochement progressif qui nous lie avec les deux personnages dont le rapprochement nous fait oublier l'objet premier du film : un serial killer rôde...
On ne peut retirer à cette œuvre les prémices d'un génie du cinéma qui a su avec une fausse simplicité charmer des générations entières de cinéphiles, un créateur de films qui ont su convaincre les plus élitistes autant que le plus commun des zappeurs téléphagiés.
C'est sûr, on connait la chanson, le coupable l'est-il, l'amour va t-il vaincre, le doute avant la dénonciation, le stress, la tension, les détails anecdotiques de la vie quotidienne, et puis reprocher aussi au grand Alfred, de ne savoir finir un film en beauté, etc...
Mais quand même pour en revenir sur le fait que c'est un film muet, qui y a encore prêté attention au bout de vingt minutes ? Moi j'avais oublié. Là surgit l'éloquence... Hitchcock mena la danse royalement !