Après son incursion dans la littérature classique, Mouret revient à notre époque avec ce film. Il y reste fidèle à sa manière (films sur la valse des sentiments) , tout en se renouvelant. C'est ultra dialogué sans être bavard (les personnages ne parlent pas pour ne rien dire) et bien ancré dans notre époque, tout en étant par certains côtés intemporel (c'est du marivaudage au sens premier du terme, celui qui se rapporte à l'auteur du XVIIIème siècle, avec son analyse des sentiments et des faux semblants). Ce film aurait presque pu s'appeler les Jeux de l'amour et du hasard, et l'idée des récits dans le récit rappelle les oeuvres du XVIIIème siècle et du début du XIXème qui utilisaient le procédé.
L'analyse des caractères et des sentiments est très fine (et pas du tout dépassée, malgré le côté classique de la forme). Le texte, abondant, est très beau, jamais intello ni trop précieux. L'intrigue, plus complexe qu'il n'y paraîtrait au vu du résumé, avec tous ces faux semblants et ces chassés croisés, est toujours claire, jamais embrouillée.
Pour mettre en valeur tout ça on a d'excellents interprètes, très à l'aise dans cet univers, alors qu'ils viennent d"horizons cinématographiques très divers. Difficile d'en privilégier un(e). Mention tout de même à Camelia Jordana, déjà remarquable dans un film au ton totalement différent, la Nuit venue, et qui confirme ainsi qu'elle est une comédienne à suivre...