Je suis un peu déçu par Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait. En tout cas, très mitigé.
L'évidence est bien sûr d'évoquer Rohmer, que ce soit dans les thématiques du film ou dans la mise en scène de celles-ci. Avec ces personnages qui philosophent indéfiniment sur l'amour et le désir. Avec ce cadre qui semblent parfois prendre les dialogues à contre-pied et montrer ce qui se jouent vraiment, au-delà de ce que disent les personnages. Il y a une filiation évidente, mais elle ne va pas plus loin que ça à mon sens car je n'ai presque jamais trouvé le naturel rohmerien que Mouret me vend dans son dispositif, dans sa manière de faire durer les plans.
Au contraire, le film est très artificiel. J'ai presque envie de dire factice. Car si je ne me suis jamais ennuyé, je ne peux pas dire que j'ai pris énormément de plaisir. Tout a l'air calculé dans Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait. Je ne dis pas que ça ne doit pas l'être, je dis que ça se voit et que ça sonne faux. Évidemment, le ton théâtral des dialogues va dans ce sens mais c'est un parti pris que je ne peux pas critiquer en soi. Ce qui me dérange davantage, c'est l'artificialité des décors, qui ne sont là que pour styliser l'image, lui donner un aspect "littéraire". Cette manière d'articuler les histoires ne m'aide pas non plus à y croire, les schémas relationnels me paraissent trop grossiers pour que j'adhère à ce que le film me dit sur le rôle du hasard dans l'amour. D'autant plus que d'autres l'ont fait bien mieux avant cela.
Ce n'est pas un mauvais film pour autant. La mise en scène est très soignée et Mouret propose une économie du mouvement qui me plaît beaucoup. Les lumières donnent aussi du charme au métrage. C'est visuellement très charmant oui, et les acteurs sont beaux. J'ai pris du plaisir à suivre ces relations même si elles dont d'une certaine manière assez stéréotypées. Disons qu'elles m'ont diverti mais pas touché. Je n'ai pas été ému parce que tout cela m'a paru sonner faux. L'utilisation de la musique est symptomatique je trouve : si l'on prend des passages isolés, cela est très beau, mais dans la globalité du film, elle est trop présente pour que je parvienne à capter le naturel des relations et des échanges.
C'est beau mais je suis à l'extérieur. Voilà qui me semble bien synthétiser mon ressenti sur le film. Je pense qu'il plaira beaucoup plus à d'autres personnes. Je ne le condamne pas parce qu'il est plein de qualités. Disons que je n'y ai pas trouvé ce que je pensais sur le plan émotionnel.
(Critique écrite en septembre 2020, au moment de la sortie du film.)