Trois saisons, trois parties, trois moments de la vie d'un couple. Le film est une symphonie en trois temps. Le requiem d'un couple tragique qui, ensemble ou séparé, ne peut être heureux.
Le première partie se déroule en été, la fin de l'été, la fin d'une idylle. Elle commence par le visage de Bahar, sublimé par la photographie magnifique du film ainsi que les silences que Bilge Ceylan a le secret. On y voit un amour tendre, radieux comme le soleil qui sculpte ses deux acteurs, pourtant par un long plan sur l'actrice. Avec aucun mot, on comprend que cet amour touche à sa fin.
Avant même que la rupture ne soit annoncé par Isa, Ceylan en formaliste, va nous faire comprendre l'état du couple quand nous spectateur arrivons. Cadre dans la cadre qui sépare les personnages, utilisation du flou des focales pour les écarter, plan fixe où les langues se délient pour montrer la tension qui pèse le couple. Puis lorsque vient la rupture on a alors une scène magnifique, où Isa se parle tout seul sur la plage, comme pour s'entraîner à rompre avec Bahar. Puis alors qu'il continu à parler, et où nous pensons que Bahar est encore entrain de se baigner, celle-ci était en réalité en arrière plan, caché par le visage de Isa.
Arrive ensuite la deuxième partie, l'automne. On l'on va suivre les errances de Isa. Ses tentatives de remplir le vide que vient de laisser la rupture. Chose cinématographiquement visible quand il va y avoir une scène de sexe... bestial. On pense à une agression sexuelle et à un viol sur une de ses amis Sherap. Mais on comprendra qu'il s'agit d'un jeu sexuel déjà bien instauré entre les deux. Les corps viennent alors prendre tout le champ. Ils englobent la caméra, comme pour Isa qui comble le creux laisser par Bahar. Pourtant rien n'y fais. Quoi qu'il fasse il se rend compte qu'il l'aime toujours sa femme. Elle lui manque. Il part donc la rejoindre sur un tournage en Anatolie.
Malgré l'intérêt réflexif que je trouve à cette partie, elle est la plus faible des trois à mon sens. Bien moins sensitive que la première partie, les errances du personnages nous perdent plus qu'autre chose. Car à part la scène avec Sherap décrite au dessus le reste n'est pas très intéressant. Que ce soit thématiquement ou visuellement.
Puis la dernière partie. Devant les paysages en neiges de la Turquie Isa essai de relancer Bahar dans son amour. Par des cadeaux, donnant des séquences d'une grande poésie, ou bien avec des explications. Rien n'y fait, les fleurs de l'amour ne repartiront pas au printemps. Le film se finit alors comme il a commencé, sur le visage de Brahar. Une scène de tournage arrêté par un avion qui passe au dessus, celui de Isa qui repart. Puis elle qui à la fin de ce long plan pleure. Elle l'aime encore malgré ce qu'il a fait.
Le véritable défaut du film se trouve vraiment en son centre. Un ventre mou et peu intéressant qui casse l'ambiance, l'atmosphère qu'installe Ceylan dans ses deux autres parties. Beaucoup plus sensitives, se passant de mot pour expliquer juste la beauté émotionnelles qui se dégage de ses silences, de ses regards, de ses visages. Visages parfaitement interprété par Mr et Mme Ceylan, tout les deux d'une justesse transperçante.