Réalisateur de films à grand spectacle, Cecil B. DeMille nous enchante avec cette fresque d’aventure rondement menée. S’il ne faut pas être regardant sur la véracité historique de l’ensemble et faire fi de l’idéologie étroite du propos (les bons colons face aux Indiens méchants et idiots), l’intrigue est riche en rebondissements (sur mer, sur terre, dans les rapides), la photographie est magnifique (avec un superbe usage du Technicolor et de multiples décors très réussis) et les personnages parfaitement dessinés.
Au diable ici le réalisme, mais place à un livre d’images colorées et à un enchainement de péripéties romanesques à souhait. En héros téméraire, Gary Cooper est évidemment parfait et sa performance donne une force supplémentaire à ces belles aventures. La romance avec Paulette Godard (déjà à l’affiche des Tuniques écarlates et des Naufrageurs des mers du sud après avoir été la muse de Chaplin) est un atout supplémentaire du récit qui lui permet de rebondir avec efficacité en s’appuyant sur d’autres personnages.
Parfaitement mené, le film ne donne jamais à voir ses 2h30, tant tout ce qui est montré paraît nécessaire pour être autant épique que lyrique. Une jolie fresque, finalement peu connue et peu proposée à la télévision, qui illustre ce que les productions américaines faisaient de mieux dans les années 1940. Cela ne date pas d’hier, certes, mais, au-delà de quelques artifices autrefois utilisés qui peuvent paraître désuets (même s’ils lui donnent un certain cachet), le rythme souligne la modernité d’une réalisation totalement maîtrisée. Un excellent film qui mériterait d'être redécouvert.