C'est le premier Josef von Sternberg que je vois et je suis frappé par la délicatesse de sa mise en scène.
Il s'agit d'une histoire d'amour, qui de simulacre pour égayer une soirée (la cérémonie de mariage a lieu dans une taverne enfumée) devient une prise de conscience. Le film ne dit rien d'autre que : l'amour existe. Ou peut-être : il n'y a pas de simulacre - tout simulacre est une manière d'accéder à une vérité. (Ce qui est on ne peut plus cinématographique.)
Les cadrages sont superbes, ça ne ressemble à pas grand chose de cette époque, il y a notamment des jeux permanents non sur la profondeur de champ mais sur sa hauteur. C'est à dire qu'il n'y a pas vraiment de premier plan et d'arrière-plan, mais une action généralement située en bas du cadre et observée par des personnages en haut (ou l'inverse, lors de la cérémonie notamment, où les héros s'élèvent sans le savoir). Cela donne bien sûr l'idée d'une transcendance, mais aussi d'un échelonnement : on peut se tirer d'affaire par le bas (l'eau noire du port) ou par le haut (la trappe conduisant au pont du bateau).