Le film se déroule intégralement dans un pénitencier américain -hors de courts flasback sur la passé délinquant de quelques détenus. Jules Dassin ambitionne d'y décrire, à travers une poignée de personnages (Burt Lancaster en est un parmi d'autres), un univers carcéral délétère, suivant, entre autres choses, le sadisme du gardien-chef.
Le film n'est absolument pas convaincant. D'une part, le scénario est faible, qui s'articule sans rigueur, sans imagination ni constance, autour du projet d'évasion du prisonnier Burt Lancaster. D'autre part -et c'est le plus dommageable- les protagonistes ne sont pas réalistes, trop lisses, trop théoriques pour faire passer la moindre authenticité humaine.
Déjà, la population de ce pénitencier répond à une typologie assez étrange: tous les détenus sont blancs, vieux et souvent dégarnis! On nous les présente comme indisciplinés, voire dangereux. Or, le film montre des prisonniers dociles, même pas effrontés, des types tranquilles, polis et réfléchis. La dramatisation du film et son propos se heurtent constamment à cette représentation aseptisée et factice du criminel et de la détention.
De l'autre côté de la barrière, Hume Cronyn (qui torture un prisonnier sur la musique de Wagner...sans commentaire) fait un tortionnaire sans explication, purement formel. Jusqu'au dénouement, spectaculaire mais limite grandguignolesque, on bavarde beaucoup, et c'est au détriment de la vérité carcérale.