Après la prisonnière du désert, et avant danse avec les loups pour ne citer que, Ford s'attaque à l'ultime frontière, celle de l'indécence américaine.
Il ose l'insolence par un formidable incipit sur le duo, dualité jouisseur/réglo.
A Stewart la canaille, Widmark héritera de la raideur. Une courte scène au bord d'un lac entre les deux compères annonce leurs métamorphoses futures de narcisses contemplant la vérité sur eux-mêmes et les Femmes.
Et puis John paresse à faire sentir le drame qu'il veut nouer, ce fol espoir des familles à retrouver leurs innocents enfants. Le film se fait bavard comme il expédie les marchandages au fort puis au camp des indiens. Tout est alors traité avec une désinvolture d'alcoolique désabusé? Les fulgurances surnagent, la scène où le jeune indien est singe derrière les barreaux, la gène du couple en devenir, la garçonne et le soldat trop sensible. En contrepoint le lynchage comme l'abattage du chef indien prêtent malheureusement à sourire, le coup de la boite à musique sonne téléphoné : "la pire merde que j'ai tourné en vingt ans" dira le cinéaste déprimé.
On en souhaite à foule de cinéastes de pareilles merdes, la scène du bal et le retour à la case d'un nouveau départ. "Moi qui croyait connaitre les hommes, je me suis trompé sur lui" lance dépitée la tenancière du bordel qui se trompe aussi sur Elena.
Ford et son regard aiguisé sur les êtres, j'en reprend un double! Y'a de de l'humanité à sauver dans cette rancœur des foules.