Les étendues imaginaires est un film qui nous offre un aperçu de l'absurdité d'un territoire factice que l'homme fait s'étendre sur la mer, comme s'il s'agissait de faire mieux que la nature, de faire mieux que la réalité. La thématique du rêve est ainsi intrinsèquement liée à ce désir irrationnel, puisqu'il s'agit de s'imaginer pouvoir transformer le monde, d'être plus fort que Dieu en quelque sorte.
Si ces actes peuvent être perçus comme ceux d'un enfant qui tente de creuser un trou étanche dans le sable, on constate que quand les adultes prennent ce genre de petit jeu au sérieux, ils prennent une allure bien plus inquiétante...
Au coeur de ce contexte hors-normes, deux ouvriers de ce chantier disparaissent alors mystérieusement.
La recherche qu'entament deux inspecteurs prend vite une tournure onirique dans laquelle l'un rêve de l'autre, et inversement. C'est au coeur d'un cybercafé à tendance érotique qu'ils se rencontrent, la première fois en rêve, puis virtuellement. Jamais ils ne se croisent, pourtant ils se connaissent, et pourtant tout semble faux, inacceptable, irrationnel.
Et cette absurdité de vivre, au travers de ce chantier violent et ridicule et de ce cybercafé nocturne et abrutissant, se manifeste clairement dans les mots de Wang quand il évoque sa mort rêvée, dans laquelle il se fait dévorer par l'ignorance, en acceptant son sort, tel un héros affrontant le hasard implacable auquel nous soumet la condition humaine.
Un film à voir donc, tant pour son scénario que pour son esthétique soignée. La fin reste cependant assez frustrante, même s'il elle ouvre la porte à quelques interprétations...