fantomatique et douloureux

Tout d’abord, il y a l’histoire. Un homme seul dans Strasbourg dont on comprend vite qu’il est un survivant des terribles prisons de Bachar el Assad en Syrie. Un homme qui cherche la trace de celui qui a été son bourreau. Un homme qu’il n’a jamais vu puisqu’il a été torturé cagoulé. Puis on comprend qu’il n’est pas seul, qu’une organisation discrète, mais efficace cherche comme lui à débusquer les anciens tortionnaires un peu partout en Europe occidentale. Le film se déploie comme un oignon avec ses peaux qui croient s’approcher de la vérité et ne génèrent que des larmes. Le film s’attache au héros dont on découvre le passé douloureux, les fêlures profondes qui vont jusqu’à refuser la possibilité du bonheur. Évidemment, il faut qu’il y ait confrontation avec celui qui est, qui est peut être le bourreau recherché, elle interviendra dans le lieu le plus improbable qui soit dans une scène intense, mais si « soft » qu'elle en est glaçante. Le metteur en scène est intelligent, il ne tombe pas dans des travers hollywoodiens et filme à minima dans des lieux banals comme une université, des restaurants populaires, des parcs, une laverie. Chaque plan est maitrisé ici dans une lumière un peu trop bleutée sans doute à dessein, mais qui est parfois utilisée à contretemps pour souligner le drame qui se noue. Le film a pourtant ses faiblesses, tout d’abord les dialogues qui ne servent pas les comédiens. On sent que le scénariste a tenté de ne pas faire « trop écrit », mais à ce jeu, il se perd et les dialogues sonnent creux à de nombreuses reprises. Les acteurs, tous excellents, méritaient mieux. Au final, c’est un film intéressant sur un sujet difficile qui revisite une enquête de film d’espionnage dans un cadre banal et ordinaire. Un film historico-politique douloureux. À voir !