La sublime Ayako Wakao (oui, je rattacherai toujours cet adjectif à cette actrice !) interprète avec maestria une prostituée émotionnellement attachée à ses clients. Plus qu'une pute au coeur d’or qui gagne sa vie, il s'agit ici d'une grande enfant (faisant évidemment aussi des choses d'adulte derrière des volets clos ou des rideaux et dans le noir !), ayant (trop !) besoin d'affection. Evidemment, tout ceci ne donnera lieu qu'à une suite de déceptions.
Si la gent masculine n'est pas montrée sous son plus beau jour, ce n'est jamais fait avec lourdeur. Ce sont des personnes pas méchantes, pas avares d'un mot gentil, d'une plaisanterie ou d'un petit geste de générosité, mais leur médiocrité finit à chaque fois par ressortir naturellement ; ce sont juste des hommes en fait. Les femmes ne sont guère épargnées non plus (à l’exception du personnage principal, par son beau fond, et d’un autre, son exact opposé quand il s’agit de maturité, qui apparaît vers la fin !), mais cela transparaît moins étant donné qu’elles apparaissent d’une manière moins visible.
Bref, Yūzō Kawashima dessine par petites touches successives et subtiles le portrait d'une femme qui va devoir, à travers sa confrontation difficile avec la réalité, grandir et comprendre qu'elle ne pourra pas, pour son propre bien, continuer tout le temps à suivre le même chemin.
Dans cette optique, la séquence finale, où on la voit seule sur un quai, attendant un bus, la laissant sur un avenir que l’on espère un peu plus lumineux, est émouvante autant par son incertitude que par sa simplicité.
Encore une belle réussite à mettre à l'actif de ce réalisateur inconnu dans nos contrées qu'est Kawashima.