Je suis une fidèle adepte des films de Jia Zhangke puisque j'en ai vus et aimés la plupart : Xia Wu, artisan pickpocket (ce blog n'existait pas encore), Still life, A touch of sin, Au-delà des montagnes, Les éternels.
Cette fois le réalisateur nous convie à une errance, celle de son actrice, muse et épouse à la ville, Zhao Tao à la recherche de son amour perdu à travers la Chine et plus de vingt années. L'expérience est inédite, intéressante car on parcourt un quart de siècle de l'histoire de la Chine, son évolution, sa propagande, sa traversée de la pandémie du Covid..., souvent hypnotique voire envoûtante mais aussi la plupart du temps difficile à suivre et d'où hélas n'émerge pas la moindre émotion.
Le titre original Fengliu Yidai signifie "une génération à la dérive"... cherchez l'erreur ! Il a un autre sens qui colle beaucoup mieux au propos que ces feux sauvages. Est-ce que comme moi vous avez envie d'étrangler les personnes qui ont la charge de trouver des titres français aux films étrangers ? Non ? Je me débrouillerai seule.
Depuis des années le réalisateur filme au hasard des événements, des instants de vie qui ne sont pas forcément intégrés à un film. Ici c'est lors du confinement qu'il a cherché à relier tous ces rushes pour tenter d'en faire une histoire cohérente en y incluant de nombreux passages de ses films précédents. Le résultat n'est pas convaincant. J'y vois plutôt une déclaration d'amour à son épouse et actrice principale qui traverse le film, ces années, une bouteille d'eau à la main parfois. Elle vieillit sous nos yeux avec toujours la même grâce et une forte expressivité car elle ne parle pratiquement pas. Il y aurait dans le film ainsi huit plans séquences de Plaisirs inconnus, Still life, Les éternels que j'ai reconnus car j'ai vu les films. Cela ne rend pas le montage plus limpide pour autant.
La jeunesse, les mines de charbon, des femmes qui chantent, la solitude, une pandémie... cherchez le lien et trouvez le sens à ce film majestueux, ambitieux certes mais terriblement impénétrable !