Bon, je crois que j'ai fait une bêtise, à savoir que, n'ayant jamais vu de films de Jia Zhangke
auparavant, j'ai choisi de faire connaissance avec son univers par l'intermédiaire des Feux sauvages. Je ne pense pas que c'était le choix le plus avisé.
Alors, généralement, dans un récit, il y a un début, un milieu et une fin. Je ne vous apprends rien. Alors si on part du principe d'une histoire classique, avec des personnages qui évoluent plus ou moins au fur et à mesure qu'on avance, il y a une scène qui pourrait s'apparenter à un milieu, lors de laquelle le protagoniste masculin ordonne au protagoniste féminin d'arrêter de s'accrocher à lui, et des séquences de fin, dans la Chine période covid, lors desquelles les deux personnages se retrouvent, chacun usé par les années. Et pour ces séquences, il y a une telle expressivité dans le regard et dans la posture de la comédienne Zhao Tao (actrice fétiche et épouse du cinéaste !), que je n'ai pas pu m'empêcher de ressentir une pointe d'émotion. Je n'ose imaginer, dans ce cas, ce qu'elle doit être capable d'offrir lorsque le scénario est pleinement construit... et même avec des dialogues à sortir de sa bouche (oui, son personnage ne dit pas un seul mot... pas un seul !). Ah oui, pour le début, je cherche toujours. D'après ce que j'ai saisi, il y a l'embryon d'une histoire d'amour, peut-être non partagée...
Bref, l'ensemble se compose en très grande majorité d'anciens rushs, tournés depuis le début des années 2000, montés sans la moindre cohérence narrative, avec des formats et des esthétiques d'image souvent bien différents, avec parfois l'intégration de plans-séquences venant de longs-métrages antérieurs. Et moi, comme un con, j'ai passé une grande partie de la projection à me demander quand ce putain de film allait commencer. Seules les séquences susmentionnées de l'ère covid ont été tournées spécialement pour Les Feux sauvages (et pour moi, vous l'aurez compris, elles composent ce qui est, de loin, le morceau le plus intéressant du tout !). Il y a quand même un message de fond, à la gloire du régime actuel, avec cette Chine moderne, high-tech, dans laquelle chaque habitant arrive à vivre confortablement, contrastant avec la Chine en ruines (au sens propre comme au sens figuré !), n'envoyant pas du rêve, de Jiang Zemin.
Bon, voilà, peut-être que, si je vois d'autres réalisations de Jia Zhangke, je reverrai cette œuvre à la hausse, en parvenant à le placer dans une certaine logique à l'échelle de l'entièreté d'une filmographie. To be continued...