J'avais beau avoir la version vu de Mervyn LeRoy et celle de Gillian Armstrong, je ne me souvenais que très vaguement de l'histoire, me permettant (plus ou moins) de la redécouvrir et de l'apprécier. Cela écrit, surtout au vu des critiques forts élogieuses dont il était accompagné, « Les Filles du docteur March » reste une légère déception. Loin de la relecture modernisée espérée, nous sommes au contraire dans un classicisme bon teint, proposant finalement bien peu d'audaces. Alors évidemment : ce n'est pas évident de prendre d'importantes libertés face à un tel ouvrage. Mais essayer, ne serait-ce qu'un peu...


Il y a néanmoins quelques avantages : c'est propre, soigné, certes économe dans sa reconstitution tout en gardant une dimension assez universelle, la qualité du roman originel ne pouvant décemment vous permettre de vous planter totalement. Je n'ai toutefois pas trouvé cet esprit de liberté, cette fougue censés caractériser l'héroïne, me perdant parfois légèrement dans la chronologie et les divers événements, alors que le film est pourtant avant tout pensé comme un long flashback. En revanche, on échappe assez habilement au #MeToo lourdingue qu'il aurait été si facile d'exploiter au vu du contexte : on sent que la tentation est parfois grande, mais Greta Gerwig ne cède pas (trop).


C'est toutefois vraiment dans sa seconde partie que l'œuvre trouve son sens, sa « raison d'être », abordant ouvertement le dépit amoureux, la solitude, la fin de l'enfance, parfois avec mélancolie, toujours avec douceur, sans pour autant se départir d'un


« happy end »


presque inévitable. Quelques scènes assez savoureuses (notamment celles avec son éditeur) et surtout un fort joli casting (Saoirse Ronan, Jo idéale, pas mal entourée, notamment par Timothée Chalamet, certes dans un registre très habituel, mais dans lequel il excelle ici, et Meryl Streep, rappelant fortement la Violet Grantham de « Downton Abbey » par ses répliques cinglantes) compensent ainsi un montage parfois curieux et un goût appuyé pour l'ellipse, la non-nomination de Gerwig comme meilleure réalisatrice n'ayant rien d'un scandale, trop sage et illustrative pour pouvoir y prétendre. Un aimable divertissement, faisant agréablement écho à notre époque par son esprit d'émancipation, à défaut de vraiment justifier l'engouement critique l'ayant propulsé parmi les favoris des Oscar.

Créée

le 2 févr. 2020

Critique lue 160 fois

2 j'aime

Caine78

Écrit par

Critique lue 160 fois

2

D'autres avis sur Les Filles du docteur March

Les Filles du docteur March
lhomme-grenouille
5

Quatre filles prises dans un drôle de bordel

Malgré la célébrité du livre original et sa flopée d’adaptations au cinéma, je n’ai jamais eu l’occasion / l’envie d’aller me confronter à ces « Quatre filles du Docteur March ». Et il fallait bien...

le 18 janv. 2020

31 j'aime

13

Les Filles du docteur March
Adao
7

Aussi intelligent que divertissant

Les 4 Filles du Docteur March (Little Women en langue originale) est un classique de la littérature américaine. Peu lu de ce côté de l’Atlantique, il pourrait, en allant vite, se résumer en un...

Par

le 2 janv. 2020

29 j'aime

1

Les Filles du docteur March
Cinephile-doux
6

Sœurs sourire

Le monde avait-il besoin d'une nouvelle adaptation de Little Women (c'est vrai que Petites femmes, cela ne sonne pas très bien en français) ? Pas sûr, après notamment les versions de George Cukor et...

le 2 janv. 2020

23 j'aime

3

Du même critique

Enquête sur un scandale d'État
Caine78
2

Enquête sur un scandale cinématographique ?

Thierry de Peretti est un réalisateur doté d'une bonne réputation, notamment grâce à « Une vie violente », particulièrement apprécié à sa sortie. J'y allais donc plutôt confiant, d'autant que le...

le 20 août 2022

32 j'aime

8

Mourir peut attendre
Caine78
4

Attente meurtri(ère)

Cinq ans d'attente, avant que la crise sanitaire prolonge d'une nouvelle année et demie la sortie de ce 25ème opus, accentuant une attente déjà immense due, bien sûr, à la dernière de Daniel Craig...

le 7 nov. 2021

29 j'aime

31

L'Origine du monde
Caine78
3

L'Origine du malaise

Je le sentais bien, pourtant. Même si je n'avais pas aimé « Momo », adapté du même Sébastien Thiéry, cela avait l'air à la fois provocateur et percutant, graveleux et incisif, original et décalé,...

le 25 sept. 2021

24 j'aime