https://www.youtube.com/watch?v=mMP2wr6mI6E
Franchement, j’avais oublié jusqu’à l’existence de ce film.
Si ce n’est pas malheureux d’être aussi con.
Mais, mon ami, j’ai deux excuses, dont deux pas super valables.
Déjà, au communiste Jules, j’ai toujours préféré l’élégant strabisme de son fils Joe. Une question de goût, j’adore siffler sur la colline, les pains au chocolat et surtout la Marie-Jeanne. Comme tu le vois, première excuse à la con.
Accroche toi pour la seconde, j’ai la bassesse de m’attaquer au physique ce qui n’est pas bien, j’ai honte mais merde.
Widmark mon pote !
Laisse tomber la crampe, ce mec est plus affreux que le cul du pape. Ce balai dans le derche qu’il se trimbale à longueur de westerns, ça ne devrait pas être légal. Sa tronche non plus, il n’a pas l’air sain et purée, s’il est malade, faut qu’il reste couché, c’est mieux pour tout le monde. Mais non, le mec préfère nimber ses prestations de son rire malsain, avec ses putains de dents de piano. Et je n’aime pas le piano.
Comme tu l’auras noté, en plus de m’en prendre à son physique, je n’hésite pas à jouer de la mauvaise foi. Parce qu’en fait, je n’ai rien contre le piano. Alors j’enrobe un peu, ça fait jamais de mal quand tu n’as pas vraiment d’excuses.
Alors, samedi dernier, je tombe sur ces Forbans chez mon dealer de culture habituel, à un balle sous cellophane. Déjà le prix, j’avoue que c’est incroyablement stimulant. Du coup, je me penche un peu et je le prends dans mes mains, je retourne la bête et je constate qu’il y a Gene Tierney au générique. En fait, c’est comme si j’avais reçu une claque sur mon cuir chevelu, nu, que j’exhibe sans bonnet alors qu’il pèle quand même sa race.
Ma Gene, mon aimée. Toi que j’aime comme je n’ai jamais aimé une actrice, alors que je te connais si peu. Preuve s’il en est que j’aime à entretenir ces secrets qui nous vont si bien… Mais Dieu, que tu es belle. Que cette ordure de Widmark ne te mérite pas. Il est malade, putain!!!!
Splendide, même dans ces bas-fonds où te jette cet infâme coco, tu illumines. Parfois, je maudis le sort qui a mis ton amour dans mes veines, car tout était déjà joué avant même ma naissance. Tu n’es plus et moi je reste là, comme un con, à réaliser que je t’ai perdue avant de naître. Quelle connerie, la vie.
Je ne vais pas te mentir, toi qui es encore là à me lire, Gene n'a qu'un rôle secondaire, et ça devrait suffire aux personnes de bon goût. Même une éclaircie est bonne à prendre quand l'orage gronde.
Car le film gronde. Violemment.
Le mec est en mauvaise posture d'emblée, comme prévu, Widmark suinte, comme un poisson dans l'eau saumâtre, il suffoque et cette fois, impose cette fêlure essentielle.
Il court à sa perte, dégouline de mytho qu'il croit lui-même, n'hésite pas à mendier de la thune à des mendiants, bref, le mec porte ses couilles comme un lointain souvenir.
Une sorte de chapon, mais en blond dégueulasse.
Dassin préfère le Londres des ruelles sordides, et sait y faire pour rendre des personnages antipathiques attachants.
Et ce combat de lutte, homérique, qui s'éternise, incongru, certes, mais prophétique.
Un morceau de bestialité, presque fascinant.
Un film noir qui ne lâche pas l'affaire, qui commence sur les chapeaux de roue et se termine dans les eaux noires de la Tamise.
Sinon, l'affreux remake avec DeNiro et la Lange est à éviter.
La bise.
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