Visionner Les Forbans de la Nuit de Jules Dassin, c’est plonger dans la frénésie grandiose du Film Noir, à travers un ballet londonien oppressant dans lequel l’immense Richard Widmark, mégalo, survolté, en tête de proue d’une lutte acharnée, se voue corps et âme à l’illusion d’une échappatoire, d’un idéal. Au réalisme des bas-fonds vient se parsemer un lyrisme magnifié par la présence de la belle et solaire Gene Tierney et le détail visuel de chaque instant procure à la réalisation une qualité technique, narrative et esthétique sans commune mesure. La "noirceur épurée" n’aura jamais été aussi transcendante. La course folle de Harry vers son Destin nous fait repenser à ce personnage ahurissant et phénoménal de Cody Jarrett interprété par le dantesque James Cagney dans White Heat (1949) de Raoul Walsh un an plus tôt. Œuvre capitale.