Cela faisait longtemps que je tournais autour, l'occasion de le voir ne s'étant jusqu'alors jamais présenté. Et puis une diffusion à la télévision, où je me suis vraiment demandé quel regard allais-je avoir sur ce film « cul(te) ». La réponse est en trois temps : d'abord séduit, puis déçu avant de connaître un regain d'intérêt dans la dernière ligne droite. Cette liberté de ton, de n'avoir que faire des convenances, de proposer un héros assez « beauf » assumant pleinement son infidélité, offrant quelques scènes savoureuses ou laissant la part belle aux dialogues, osées sans (trop) tomber dans la vulgarité. La prestation démesurée de Jean-Pierre Marielle n'y est évidemment pas non plus étrangère, et un acteur juste pas mal aurait sans doute fait perdre pas mal d'intérêt à l'œuvre.
Dommage qu'une fois le pic « émotionnel » (et sexuel) atteint, Joël Séria semble se perdre dans un scénario errant tout autant que le héros, ne racontant plus grand-chose et provoquant surtout l'ennui, loin des sommets grivois et des rencontres insolentes faites par notre représentant de commerce (la rencontre avec Bernard Fresson est un grand moment). Heureusement, une forme de douceur, de plénitude vient s'emparer du dernier quart, laissant place à une sensibilité inattendue, un peu poussive mais plutôt charmante, notamment grâce à l'adorable Jeanne Goupil, la scène finale en disant long sur
une certaine forme de bonheur retrouvée, aussi modeste que réelle.
Le reflet d'une époque, où le politiquement incorrect n'était pas encore un gros mot, non sans défauts ni longueurs, mais avec de la personnalité, du cul(ot) (OK, j'arrête, promis) : à défaut d'être toujours utilisé à bon escient, voilà qui est à saluer.