Nous sommes le 30 septembre et bien que Les Garçons Sauvages sortira seulement le 14 février 2018, je viens de le voir pour la deuxième fois. L’Étrange Festival et le Forum des Images nous ont fait là un très beau cadeau en le projetant si tôt et j'ai déjà grand hâte de retourner m'étaler ces sublimes images sur les rétines.
Pourquoi tant d'enthousiasme ? Au milieu de l'océan de films actuels qui se suivent et se ressemblent, tout ce qui ose sortir du lot mérite qu'on y prête attention et il s'agit ici d'un film extrêmement singulier à plus d'un titre.
Si vous ne connaissez pas l'univers de Bertrand Mandico, il est assez proche de celui de Jean Cocteau avec une bonne dose d'érotisme à la Borowczyk en plus. Ses courts métrages avaient déjà illustré son immense talent de conteur onirique et son premier long métrage ne trahit pas ses origines.
Bien que tourné en pellicule Super 16 mm en noir et blanc, quelques plans en couleurs surgissent périodiquement, tels des fruits colorés nés des "montées de sève du film", pour reprendre les mots du réalisateur. Par souci d'économie et surtout d'authenticité, les effets spéciaux sont tous réalisés au moment du tournage au moyen de double-expositions et de rétroprojections. Visuellement, tout cela fonctionne parfaitement et prouve qu'il n'est pas nécessaire de consacrer un an à une post-production numérique du moment qu'on a du talent.
Le film est porté par des actrices toutes plus formidables les unes que les autres. Mandico offre d'ailleurs à sa muse Elina Löwensohn son rôle le plus marquant. Mentions spéciales à Anael Snoek, bluffante dans le rôle de Tanguy et Vimala Pons, méconnaissable en Jean-Louis.
La bande originale relève elle aussi du génie mais mon incapacité à commenter la musique m'oblige à m'arrêter là. Disons simplement qu'elle participe pleinement à donner vie à cet univers étrange et envoûtant. N'oubliez pas de danser un peu sur la musique du générique de fin en quittant la salle (ou pas, car une surprise vous attend au bout du chemin).
En conclusion, Les Garçons Sauvages est une pépite riche et foisonnante qui fait fi des tabous socioculturels et des tendances actuelles en matière de productions cinématographies. Bertrand Mandico nous offre un grand moment de cinéma à même de raviver les flammes des cinéphiles déçus par les trop nombreuses productions formatées récentes. Vivement la sortie nationale, j'ai déjà hâte d'y retourner.
PS : Si vous vous demandez si le film a un lien avec le livre éponyme de William S. Burroughs, la réponse est : oui et non. Non car il ne s'agit pas d'une adaptation de ce livre très bizarre et de toute façon parfaitement inadaptable au cinéma. Oui, car on y retrouve un peu le même esprit, sa violence, sa sexualité et son désir de liberté.